Introduction:
« L’Angleterre est une île », c’est de cette manière qu’André Siegfried commença ses cours à Science Po. Si l’Outre-Manche a une histoire complexe avec le continent, elle demeure une composante à part entière de la civilisation européenne. La réalité économique actuelle est toute aussi parlante : 50% des exportations britanniques sont à destination de l’UE tandis que 15% de ses importations proviennent du continent.
Cependant le 23 juin 2016, 51.9% des britanniques choisirent de quitter l’EU. Séisme politique à l’échelle européenne qui n’eut pas (ou très peu) anticiper par le passé cette possibilité qu’est la sortie d’un pays de l'UE.
Ainsi comment va se traduire cette sortie qui suscite de nombreuses questions des deux cotés de la Manche ?
1. Le Hard Brexit est-il possible ?
Le 29 mars 2017, Theresa May, le Premier Ministre du Royaume-Uni déclenche l’article 50 du traité de Lisbonne pour sortir de l’Union européenne ; à compter de ce jour, l’UE et le Royaume-Uni ont 2 ans pour négocier les termes de la sortie de l’UE.
Theresa May a indiqué qu’elle souhaitait un Brexit en douceur et qu’elle souhaitait conserver de bonne relation avec le continent. Or, les conditions du Brexit imposées par l’UE sont jugées assez excessives pour le Royaume-Uni, en effet, les pays de l’UE ont décidé de faire bloc et de ne pas céder face aux revendications britanniques. L’UE exige le paiement de 60 milliards d’euro, ainsi que la possibilité pour les citoyens européens au Royaume-uni de rester, et enfin une possibilité pour l’Irlande du Nord de rester dans l’UE. A ce jour, Theresa May a presque dû se plier à toute les revendications.
En effet l’avenir du Royaume-Uni se joue lors de ces négociations. Si les deux entités ne parviennent pas à un accord sur le futur de leurs relations, alors les relations seront régies par le droit international, et par les règles de l’OMC.
Les négociations peuvent aussi aboutir dans de meilleurs cas de figure à un accord de libre-échange exhaustif avec l’UE, voire un maintien de l’accès au marché commun.
Certes, le Brexit permettra au Royaume-Uni de retrouver une pleine souveraineté (même s’ils ne l’avaient jamais vraiment abandonné) d’ailleurs, les Britanniques vont rapidement retrouver leur passeport bleu. En revanche il semble que économiquement et financièrement, le Brexit aura inévitablement un coût important pour le Royaume-Uni, et à moindre mesure, pour l’UE. En effet, selon une analyse du gouvernement britannique mené en février 2018, le maintien dans le marché commun n’amputerait le PIB du pays que de 2% sur les 15 prochaines années. En cas de libre-échange exhaustif avec l’UE, l’impact négatif serait de 5%. Enfin, des le pire des cas, l’effet négatif serait de 8% sur le PIB.
De plus, le déplacement des instances européennes sur le continent contribuent à la perte de poste, comme le déplacement de siège de banque, l’AEM et l’ABE se déplacent en France et aux Pays-Bas. 4000 postes financiers sont déplacés.
Finalement, la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne se fera aussi au détriment de l’Union européenne. En effet, le Royaume-Uni était le 3e contributeur au budget de l’UE, derrière l’Allemagne et la France, représentant 16,63%du budget de 2016. De plus, le Hard-Brexit serait la perte d’un de ses partenaires commercial pour l’UE. Cependant, en tant que première puissance économique mondiale, le Brexit aura des conséquences bien moindre pour l’UE que pour le RU.
Contenues des conséquences économiques, connues de l’UE et des Britanniques, le hard-brexit semble être un scénario peu probable, tant il amputerait le Royaume-Uni d’une partie de ses emplois et de ses revenus.
2-Ainsi, face aux problèmes structurels et sociaux qu’engendrait un hypothétique hard Brexit, vint l’idée d’un soft Brexit. Il serait effectivement une alternative préférable au hard Brexit pour les négociations.
Bien que Mme May ne soit plus en froid avec Mr Trump et que ce dernier lui a assuré un contrat après le Brexit un hard Brexit ne serait pas souhaitable. David Davis, secrétaire au Brexit, pourrait bien voir ses désirs finir en névroses freudiennes. Ce dernier désire des centaines d’accords avec des pays tiers, chose plausible mais impossible en moins de 2 ans (délais de Mme May). Même Jacob Rees Mogg, député euroseptique demande une prolongation de la durée de négociation pour que la destiné économique du Royaume-Unis soit pérenne.
Il permettrait aussi de laisser du temps aux citoyens européens et britanniques d’anticiper leur futur, même si Mme May a déjà laissé une période de 2 ans aux citoyens européens vivant en Angleterre pour se préparer à cette échéance. Chiffre important, témoin d’une panique de ce Brexit, 3713 Britanniques ont demandé la nationalité française en 2017 soit 8 fois plus qu’il y a 10ans.
Mais une soft Brexit est-il souhaitable pour l’élite anglaise outsider ?
Question ridicule car les pro Brexit n’ont aucun intérêt à voir un soft Brexit: ils ont peur d’avoir un "pétard mouillé" dans les mains, qui devienne une utopie, littéralement parlant, un non lieu.
Prolonger les négociations apporte deux problèmes: premièrement c’est continuer à prolonger les 4 libertés européennes et donc assister à une immigration massive, chose que les hard brexiter veulent stopper au plus vite.
Seconde conséquence, engager des négociations longues c’est laisser du temps au temps, les ardeurs révolutionnaires vont faiblir et peut être réaliser que cela n’était qu’une erreur, un effet de style, un simple mouvement populaire sans sens guidé par des populistes démagogues et inconscients.
Finalement il demeurerait tout de même des problèmes clés comme l’Ireland du Nord et Gibraltar, ainsi ne pouvons-nous pas envisager un non Brexit ?
3. L’éventualité d’un nouveau vote ou qu’il n’y est pas de deal ?
Alors que les négociations du Brexit continuent, les divergences au sein du Parlement anglais s’accroissent. En effet, la perte de la majorité absolue du parti conservateur au sein du Parlement empêche Theresa May de prendre des décisions pour le Brexit. Ainsi, elle est obligée de faire voter ses idées au sein du Parlement pour savoir si elle peut les proposer à Bruxelles. Toutefois, la position de May permet aux opposants du Brexit de se faire entendre. Les Remainers, qu’ils soient conservateurs ou travaillistes, souhaitent remettre en question le vote du Brexit et suivre l’idée énoncé par Vernon Bodganor professeur au King’s College (Londres) de laisser une nouvelle fois la décision aux mains du peuple anglais. Les négociations prennent alors plus de temps que prévues mettant Londres dans une position de faiblesse vis-à-vis de Bruxelles qui déclare ne prendre aucune résolution particulière et laisse la balle dans le camp britannique. Le Brexit est alors dans une situation bancale, puisque Theresa May et les Tories opteraient pour un Brexit dure avec une sortie complète du système européenne, tandis que l’idée des travailliste et Jeremy Corbyn serait d’appliquer un Brexit doux basé sur une union douanière pour limiter les conflits entre les deux Irlande et un accord pour avoir accès au Marché commun. Enfin, le dernier problème important pour Theresa May et les Brexiteers est la chambre des Lords. Les Lords sont des pro-européens et grâce à leur situation jouent un rôle important dans les décisions du Parlement. Ils sont ainsi une opposition totale avec les décisions du Brexit ne facilitant pas la tâche au gouvernement en cours. Ainsi, la complexité de la situation britannique laisse entrevoir une éventuelle remise en question de la sortie du Royaume-Uni soit par l’intermédiaire d’un second vote soit car aucun accord ne sera acté.
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