TR: L’Union européenne
Sommaire:
1-Eléments de la géographie -L'UE-
2-Depuis 2010 : crise financière, crise migratoire et Brexit
3-Les principaux traités de l'UE
4-Enjeux et débats: Le point sur les prochains élargissements
5- Les principales politiques
5-1-L'espace shengen
5-2 Le marché unique
5-3. La politique agricole commune (PAC) et le développement rural
5-4. La politique de cohésion, dite « régionale »
5-5. La politique commerciale commune
5-6. La politique sociale
5-7. Les coopérations renforcées et la différenciation
5-8. La politique étrangère et de sécurité commune (PESC)
5-9. La stratégie Europe 2020
1- Éléments de géographie
-l’Union européenne-
L’Union européenne compte
vingt-huit pays représentant environ 3 % des terres et 7 % de la population
mondiale. Le produit
intérieur brut (PIB) par habitant y est l’un des plus élevés au monde.
Les indices de volume du PIB par
habitant en standards de pouvoir d’achat (SPA) indiqués ci-dessous sont exprimés par rapport à la
moyenne de l’Union européenne, fixée à 100 Ils sont un indicateur de la
richesse d’un pays Ils proviennent de la base de données d’Eurostat et concernent 2017 (données de juin
2018). Les chiffres de population correspondent
à l’estimation Eurostat pour 2018 (voir http://ec.europa.eu/eurostat).
a) L’Union européenne en 2019 avec le Royaume-Uni
Superficie : 4,46 millions de km²
Nombre d’habitants : 512,7 millions
PIB des 28pays membres : environ 15 377 milliards d’euros
Indice PIB par habitant en SPA : 100 (valeur de référence)
|
a bis) L’Union européenne en 2019 sans le Royaume-Uni
Superficie : 4,22millions de km²
Nombre d’habitants : 446,5 millions
PIB des 27 pays membres : environ 13 045 milliards d’euros
Indice PIB par habitant en SPA : 100 (valeur de référence)
|
b) Les six pays fondateurs (1951)
Allemagne
Capitale : Berlin
Superficie : 357 000 km²
Nombre d’habitants : 82,9 millions
Langue officielle : allemand
Indice PIB par habitant en SPA : 124
France
Capitale : Paris
Superficie : 544 000 km² en
métropole (avec l’outre-mer, 663 000 km²)
Nombre d’habitants : 67,2 millions
Langue officielle : français
Indice PIB par habitant en SPA : 106
Attention !
L’indice de volume du PIB par habitant en standards de pouvoir
d’achat (SPA) est exprimé par rapport
à la moyenne de l’Union européenne (EU28), fixée à 100. Si l’indice d’un pays
est supérieur à 100, le niveau du PIB
par tête pour ce pays est supérieur à la moyenne de l’UE et vice versa. Les
chiffres de base sont exprimés en SPA, c’est-à-dire dans une « monnaie » commune qui élimine les
différences de niveaux de prix entre les pays et permet des comparaisons significatives du
PIB en volume entre ces derniers.
République d’Italie
Capitale : Rome
Superficie : 301 000 km²
Nombre d’habitants : 60,5 millions
Langue officielle : italien
Indice PIB par habitant en SPA : 96
Royaume des Pays-Bas
Capitale : Amsterdam
Superficie : 42 000 km²
Nombre d’habitants : 17,2 millions
Langue officielle : néerlandais
Indice PIB par habitant en SPA : 128
Royaume de Belgique
Capitale : Bruxelles
Superficie : 31 000 km²
Nombre d’habitants : 11,4 millions
Langues officielles : français, néerlandais,
allemand
Indice PIB par habitant en SPA : 117
Grand-Duché de Luxembourg
Capitale : Luxembourg
Superficie : 2 600km²
Nombre d’habitants : 0,6million
Langues officielles : français, allemand, luxembourgeois
Indice PIB par habitant en SPA : 253
|
c) Premier élargissement (1973)
Royaume-Uni
Capitale : Londres
Superficie : 243 000km²
Nombre d’habitants : 66,2 millions
Langue officielle : anglais
Indice PIB par habitant en SPA : 105
Royaume du Danemark
Capitale : Copenhague
Superficie : 43 000 km²
Nombre d’habitants : 5,8 millions
Langue officielle : danois
Indice PIB par habitant en SPA : 128
République d’Irlande
Capitale : Dublin
Superficie : 70 000 km²
Nombre d’habitants : 4,8 millions
Langues officielles : irlandais, anglais
Indice PIB par habitant en SPA : 181
d) Élargissement « sud »
(1981 et 1986)
République de Grèce (1981)
Capitale : Athènes
Superficie : 132 000 km²
Nombre d’habitants : 10,7 millions
Langue officielle : grec
Indice PIB par habitant en SPA : 67
Royaume d’Espagne (1986)
Capitale : Madrid
Superficie : 505 000 km²
Nombre d’habitants : 46,7 millions
Langue officielle : espagnol
Indice PIB par habitant en SPA : 92
République du Portugal (1986)
Capitale : Lisbonne
Superficie : 92 000 km²
Nombre d’habitants : 10,3 millions
Langue officielle : portugais
Indice PIB par habitant en SPA : 77
|
e) Élargissement « nord » (1995)
Royaume de Suède
Capitale : Stockholm
Superficie : 450 000 km²
Nombre d’habitants : 10,1millions
Langue officielle : suédois
Indice PIB par habitant en SPA : 121
Autriche
Capitale : Vienne
Superficie : 84 000 km²
Nombre d’habitants : 8,8millions
Langue officielle : allemand
Indice PIB par habitant en SPA : 127
République de Finlande
Capitale : Helsinki
Superficie : 338 000km²
Nombre d’habitants : 5,5millions
Langue [s] officielle [s] : finnois et suédois
Indice PIB par habitant en SPA : 109
|
f) Élargissement « est » : quatre pays d’Europe centrale (2004)
Pologne
Capitale :
Varsovie
Superficie: 313 000 km²
Nombre d’habitants : 38,0 millions
Langue officielle: polonais
Indice PIB par habitant en SPA : 70
République tchèque
Capitale : Prague
Superficie: 79 000 km²
Nombre d’habitants : 10,6 millions
Langue officielle: tchèque
Indice PIB par habitant en SPA : 89
Hongrie
Capitale : Budapest
Superficie: 93 000 km²
Nombre d’habitants : 9,8 millions
Langue officielle: hongrois
Indice PIB par habitant en SPA : 68
République de Slovaquie
Capitale : Bratislava
Superficie: 49 000 km²
Nombre d’habitants : 5,4 millions
Langue officielle: slovaque
Indice PIB par habitant en SPA : 76
|
f) Élargissement « est » : quatre pays d’Europe centrale (2004)
Pologne
Capitale :
Varsovie
Superficie: 313 000 km²
Nombre d’habitants : 38,0 millions
Langue officielle: polonais
Indice PIB par habitant en SPA : 70
République tchèque
Capitale : Prague
Superficie: 79 000 km²
Nombre d’habitants : 10,6 millions
Langue officielle: tchèque
Indice PIB par habitant en SPA : 89
Hongrie
Capitale : Budapest
Superficie: 93 000 km²
Nombre d’habitants : 9,8 millions
Langue officielle: hongrois
Indice PIB par habitant en SPA : 68
République de Slovaquie
Capitale : Bratislava
Superficie: 49 000 km²
Nombre d’habitants : 5,4 millions
Langue officielle: slovaque
Indice PIB par habitant en SPA : 76
|
g) Élargissement « est » : trois
Républiques baltes (2004)
Lituanie
Capitale :
Vilnius
Superficie: 65 000 km²
Nombre d’habitants : 2,8 millions
Langue officielle: lituanien
Indice PIB par habitant en SPA : 78
Lettonie
Capitale : Riga
Superficie: 65 000 km²
Nombre d’habitants : 1,9 millions
Langue officielle: letton
Indice PIB par habitant en SPA : 67
Estonie
Capitale : Tallinn
Superficie: 45 000 km²
Nombre d’habitants : 1,3 million
Langue officielle: estonien
Indice PIB par habitant en SPA : 79
h) Élargissement « est » : deux
îles (2004)
Chypre
Capitale : Nicosie
Superficie: 9 300 km²
Nombre d’habitants : 0,9 million
Langues officielles : grec, turc
Indice PIB par habitant en SPA : 85
Malte
Capitale : La Valette
Superficie: 316 km²
Nombre d’habitants : 0,5 million
Langue [s] officielle [s] : maltais et anglais
Indice PIB par habitant en SPA : 96
|
i) Élargissement « est » : un État issu de l’ex-Yougoslavie (2004)
République de Slovénie
Capitale : Ljubljana
Superficie: 20 000km²
Nombre d’habitants : 2,1millions
Langue officielle: slovène
Indice PIB par habitant en SPA : 85
|
j) Deux États devenus membres en 2007
Roumanie
Capitale : Bucarest
Superficie: 239 000km²
Nombre d’habitants : 19,5millions
Langue officielle: roumain
Indice PIB par habitant en SPA : 63
Bulgarie
Capitale
: Sofia
Superficie:
111 000 km²
Nombre d’habitants : 7,1 millions
Langue officielle: bulgare
Indice PIB par habitant en SPA : 49
k) Adhésion de la Croatie en 2013
Croatie
Capitale : Zagreb
Superficie : 56 542 km²
Nombre d’habitants : 4,1 millions
Langue officielle: croate
Indice PIB par habitant en SPA : 62
|
2-
Depuis 2010 : crise financière,
crise migratoire et Brexit
1. La crise financière et le renforcement
de la gouvernance économique de la zone euro
À peine sortis de la
difficile réforme institutionnelle, les Vingt-Sept sont confrontés, à partir de 2010, à une crise
de la dette publique affectant les pays de la zone euro.
Des mécanismes
d’assistance financière sont mis en place pour soutenir les économies de
l’Irlande, du Portugal, de la Grèce, de l’Espagne et de Chypre.
Ces mécanismes
donnent naissance, à partir de 2012, au « Mécanisme européen
de stabilité », qui fournit un soutien financier aux membres de la zone euro connaissant des difficultés
budgétaires. Parallèlement, afin de prévenir de nouvelles crises de la dette
publique, vingt-cinq pays européens signent un « Pacte budgétaire européen
», engagement à respecter l’équilibre budgétaire. Ainsi, les dépenses de
fonctionnement d’un État doivent être financées par ses recettes et ne peuvent
pas l’être par l’endettement.
Fin 2018, les
ministres des Finances des dix-neuf pays de la zone euro s’accordent sur un futur
budget de cette zone, nommé « instrument budgétaire
». Ce budget commun doit faciliter la convergence économique des pays
ayant adopté l’euro. Ses caractéristiques et son montant seront précisés
en juin 2019.
2. Le Nobel de la paix
En 2012, l’Union européenne reçoit le prix Nobel de la
paix à Oslo. Il récompense sa contribution à la paix, à la démocratie et aux droits de l’homme au
cours des soixante ans de son histoire.
3.
L’adhésion de la Croatie : l’Europe des Vingt-Huit
L’heure est aussi à la préparation d’un nouvel élargissement de l’Union en direction des pays issus de l’ex-Yougoslavie.
La Croatie adhère en juillet
2013. Les autres pays des Balkans occidentaux
–l’Ancienne République yougoslave de Macédoine, le Monténégro, la Serbie, la
Bosnie-Herzégovine, le Kosovo et l’Albanie–
ont vocation à rejoindre, à terme, l’Union européenne.
4. La crise migratoire
Au printemps 2015, les conflits et les crises en Syrie
et au Proche-Orient provoquent l’arrivée en Europe d’un nombre considérable de
réfugiés et de migrants. Face à cette crise des réfugiés, plusieurs États
membres réintroduisent les contrôles aux frontières tandis que d’autres
bâtissent des barrières physiques remettant en cause un des principes
fondateurs de l’Union européenne, sur lequel s’appuie l’espace Schengen : la
libre circulation des personnes. Le plan de répartition solidaire des réfugiés,
présenté par la Commission européenne en septembre 2015, se heurte à la
résistance de plusieurs États membres. L’UE décide alors de limiter l’afflux de
migrants par un contrôle renforcé de ses frontières extérieures grâce à la
création, fin 2016, du Corps européen de gardes-frontières et de garde-côtes.
Parallèlement, elle accroît sa coopération économique avec plusieurs États
africains en échange d’un meilleur contrôle des routes migratoires de leur
part.
5. La sécurité intérieure
Suite aux attentats terroristes commis dans plusieurs
pays européens (France en 2015 et 2016, Belgique en 2014 et 2016, etc.),
l’Union renforce sa sécurité intérieure et sa capacité à lutter contre ce type
de menace.
La Commission européenne adopte notamment un ensemble
de mesures destinées à renforcer la capacité de l’UE à lutter contre le financement
du terrorisme et de la criminalité organisée.
6. L’environnement
Les considérations environnementales prennent une
importance croissante dans les politiques européennes. En 2016, les ministres
de l’UE approuvent la ratification par l’Union de l’« Accord de Paris » sur le
changement climatique, adopté en décembre 2015 dans le cadre de la COP21,
conférence internationale sur le climat.
7. Le Brexit
En juin 2016, le peuple britannique, consulté par
référendum, choisit de quitter l’Union européenne: c’est le Brexit –terme né
de la contraction des mots « British » et « exit » (sortie) et signifiant donc
la sortie du Royaume-Uni de l’UE. Le processus du Brexit dure depuis cette
date, le temps pour le Royaume-Uni de négocier avec l’Union les modalités de
son départ, en principe prévu en mars 2019. Au moment où cet ouvrage est
rédigé, une incertitude demeure quant à la sortie du Royaume-Uni à cette date.
Les adhésions à l’Union européenne
Date
|
Pays adhérents
|
L’Europe des…
|
1951
|
France,
Allemagne, Italie, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg
|
6
|
1973
|
Danemark, Irlande, Royaume-Uni
|
9
|
1981
|
Grèce
|
10
|
1986
|
Espagne,
Portugal
|
12
|
1995
|
Autriche, Finlande, Suède
|
15
|
2004
|
4pays d’Europe centrale : Pologne, Hongrie,
République tchèque, Slovaquie
3pays baltes : Lettonie, Lituanie, Estonie
2îles : Chypre, Malte
1pays de l’ex-Yougoslavie : Slovénie
|
25
|
2007
|
Bulgarie, Roumanie
|
27
|
2013
|
Croatie
|
28
|
2019
|
Le Royaume-Uni quitte l’UE
|
27
|
3-
Les principaux traités
Traité
|
Lieu et date de signature
|
Raisons d’être
|
Politiques communes
|
Communauté européenne du charbon et de l’acier
(CECA)
|
Paris1951
|
Réconciliation franco-allemande et début de la
coopération économique
|
Mise en commun des ressources de charbon et d’acier
|
Communauté
économique
européenne (CEE)
Communauté européenne de l’énergie atomique (CEEA ou Euratom)
|
Rome
1957
|
Europe économique
|
Extension de la méthode communautaire,
instaurée par le charbon et l’acier, à
l’ensemble des secteurs de l’économie :
politique commerciale, politique de la
concurrence, politique monétaire, transports,
énergie, agriculture
L’énergie nucléaire fait l’objet d’un traité
distinct (traité instituant la CEEA)
|
Acte unique
européen
|
Luxembourg
et La Haye
1986
|
Marché unique
européen et début
de la coopération
politique
|
Création d’un marché unique européen
grâce à l’harmonisation des lois internes des
États
Coopération politique et diplomatique
|
traité de
Maastricht
|
Maastricht
1992
|
Europe politique,
monnaie commune
|
Extension de la coopération européenne
et de la méthode communautaire à de
nombreux secteurs : politique extérieure
et de sécurité commune, justice et affaires
intérieures, union monétaire (euro),
citoyenneté européenne, éducation et
formation professionnelle, culture, santé
publique et protection des consommateurs,
réseaux transeuropéens, politique industrielle,
jeunesse
|
Traité
d’Amsterdam
|
Amsterdam
1997
|
Réforme des
institutions pour
permettre à l’Union
de fonctionner à
27pays et plus
|
Échec de la réforme des institutions mais
avancées dans le domaine de la justice et des
affaires intérieures (espace Schengen)
|
Traité de Nice
|
Nice
2001
|
|
Réforme des institutions a minima pour permettre l’élargissement de 2004
|
Traité de
Lisbonne
|
Lisbonne
2007
|
|
Réforme des institutions
Le processus d’adoption des
textes par le Conseil de l’Union
européenne est simplifié
Un texte est adopté par le
Conseil à la
majorité qualifiée s’il
obtient le soutien de 55 % des États représentant au moins 65 % de la
population de l’Union Le Conseil européen a une présidence stable avec un président élu pour une durée
de deux ans et demi, renouvelable une
fois Un poste de Haut Représentant de l’Union
pour les affaires étrangères et la politique de
sécurité est créée
|
Adhésion et retrait de l’UE
1. L’adhésion à l’Union européenne
L’histoire de l’Union européenne est marquée par une
volonté constante d’ouverture, si bien
que ses limites sont sans cesse repoussées. Initialement constituée de six États membres, l’Union en
compte aujourd’hui vingt-sept. La chute
du mur de Berlin et l’adhésion, depuis 2004, de treize nouveaux pays ont
cependant contribué à poser la question des limites de l’Union européenne.
1. Les « critères de Copenhague »
En 1993, le Conseil européen de Copenhague a défini
les critères d’accession à l’UE pour les pays candidats :
– critères
juridiques : le respect de la démocratie, des droits de l’homme et des libertés
fondamentales doit être garanti ;
– critères
économiques : les États doivent avoir une économie de marché suffisamment
libéralisée pour supporter le choc de la libre concurrence ;
– critères
administratifs : les États doivent pouvoir appliquer le droit de l’Union.
En outre, les pays candidats doivent reprendre
l’acquis de l’Union, c’est-à-dire intégrer dans leur législation nationale
l’ensemble des principes, des règles et des objectifs qui fondent l’Union
européenne.
2. Le processus d’adhésion
L’adhésion d’un État est précédée d’une phase de
négociations entre le pays candidat et les États membres, dans un cadre établi
par le Conseil d’après les recommandations de la Commission. Durant cette phase
de négociations, la Commission est omniprésente. Elle aide les États membres à
préparer des positions communes de négociation et, parallèlement, elle aide les
pays candidats à se conformer progressivement aux critères de Copenhague. En
revanche, après la phase de négociations, ce sont essentiellement les États
–les ministres réunis au Conseil de l’Union européenne, les chefs d’État et de
gouvernement, les parlements nationaux, les peuples– qui ont le pouvoir de
décision.
3. Les pays candidats et le programme de préadhésion
Cinq États sont candidats « officiels » ; il s’agit de
la Turquie, de l’Albanie et de trois pays issus de l’ancienne Yougoslavie : la
république de Macédoine du Nord, le
Monténégro et la Serbie. Un pays est candidat « officiel » lorsqu’il a déposé
sa candidature et que celle-ci a été acceptée par le Conseil européen.
Deux pays, également issus de l’ancienne Yougoslavie,
sont candidats « potentiels » : la Bosnie-Herzégovine et le Kosovo.
Un fonds de préadhésion, nommé « Instrument d’aide de
préadhésion » (IAP), est destiné à aider les candidats et les candidats «
potentiels » à entreprendre les réformes politiques et économiques nécessaires
afin de remplir les critères d’adhésion à l’UE. Doté de 11,7 milliards d’euros,
le programme actuel (IAPII) couvre la période 2014-2020.
2. Suspension de l’Union européenne
Si un État membre viole de façon grave et persistante
les valeurs sur lesquelles est fondée
l’Union –respect de la dignité humaine, liberté, démocratie, égalité, État de
droit, respect des droits de l’homme (en particulier des minorités)–, le pays
visé peut voir une partie de ses droits suspendus, notamment son droit de vote
au Conseil. En revanche, les obligations qui incombent à l’État restent contraignantes.
En pratique (selon l’article7 du TUE), le Parlement
européen, la Commission européenne ou au moins un tiers des États membres
peuvent demander au Conseil de constater un risque de violation. L’État visé
peut présenter ses observations au Conseil. Le Conseil européen doit ensuite
constater à l’unanimité (moins le pays visé) l’existence de cette violation. Le
Conseil de l’UE peut alors suspendre certains des droits du pays à la majorité
qualifiée.
■ Exemple
La suspension
des droits de vote enclenchée contre la Hongrie
En septembre
2018, le Parlement européen vote le déclenchement l’article 7 du TUE contre la Hongrie.
L’article7-3 du TUE prévoit en effet que « le Conseil, statuant à la majorité qualifiée,
peut décider de suspendre certains des droits découlant de l’application des
traités à l’État membre en question, y compris les droits de vote du
représentant du gouvernement de cet État membre au sein du Conseil. » Le
Parlement européen reproche notamment à la Hongrie des faits de corruption et
de conflits d’intérêts, des atteintes au fonctionnement du système
constitutionnel et électoral, à l’indépendance de la justice et aux libertés
individuelles. Néanmoins, la suspension du droit de vote ne peut intervenir
qu’au terme d’un vote à l’unanimité du Conseil européen (moins le pays visé).
Or la Hongrie peut compter sur le soutien de la Pologne, elle-même visée en
2017 par la même procédure et soutenue par la Hongrie. La nécessité d’un vote à
l’unanimité rend donc peu probable le retrait du droit de la Hongrie (comme
celui de la Pologne).
3. Retrait de l’Union européenne et Brexit
1. Retrait de l’Union européenne
Depuis le
traité de Lisbonne, « tout État membre peut décider […] de se retirer de l’Union » (article50 du TUE). Cet
article fixe, en quelques lignes, les
modalités du retrait : « L’État membre qui décide de se retirer notifié son intention
au Conseil européen. […] l’Union négocie et conclut avec cet État un accord
fixant les modalités de son retrait, en tenant compte du cadre de ses relations
futures avec l’Union. […] Les traités cessent d’être applicables à l’État
concerné à partir de la date d’entrée en vigueur de l’accord de retrait » ou, à défaut, deux ans après que l’État a notifié
son intention au Conseil européen.
« Si l’État qui
s’est retiré de l’Union demande à adhérer à nouveau », sa demande est soumise à
la procédure normale d’adhésion.
a) Le Brexit
En juin 2016,
consulté par référendum, le peuple britannique choisit de quitter l’Union
européenne. La participation au vote est supérieure à 72 %, un record pour le
pays, et le camp du « leave » (favorable à la sortie de l’UE) recueille près de
52% des suffrages. En mars 2017, la Première ministre britannique, Theresa May,
active l’article 50 du TUE. Cette notification au Conseil européen marque le
début de deux années d’âpres négociations sur les conditions du retrait du
Royaume-Uni de l’Union.
Le Français
Michel Barnier est le négociateur en chef et représente les 27 États membres de
l’UE. En novembre 2018, le Royaume-Uni et l’UE parviennent à un accord qui fixe
les modalités du retrait. Le Royaume-Uni doit quitter l’Union en mars 2019. Au
moment où cet ouvrage est rédigé, une incertitude demeure sur la ratification
par le Royaume-Uni de l’accord de retrait et même sur la sortie effective du
Royaume-Uni.
b) Les conséquences du Brexit
Les avis
divergent sur les conséquences du Brexit tant pour le Royaume-Uni que pour
l’UE. Selon certaines analyses, cette sortie est une catastrophe économique
pour le Royaume-Uni ; d’autres estiment qu’elle peut constituer un choc
salutaire susceptible de relancer la machine européenne En tout état de cause,
l’Union européenne perd un poids lourd démographique 4, une grande
puissance économique 5, une place financière mondiale 6,
une de ses rares puissances militaires avec la France 7, un
partenaire privilégié des États-Unis et un membre permanent du Conseil de
sécurité de l’ONU 8.
c) Les futures relations entre le Royaume-Uni et l’UE
Les futures
relations entre le Royaume-Uni et l’Union, particulièrement les relations
commerciales, font l’objet de négociations distinctes de l’accord de retrait.
Elles se poursuivront plusieurs années après le retrait. Michel Barnier
indique, en novembre 2018: « Notre intérêt mutuel, c’est bien de bâtir un
partenariat ambitieux sur les biens, les services, le numérique, la mobilité,
les transports, les marchés publics, l’énergie, la sécurité intérieure et
évidemment, pour la stabilité de notre continent, la politique étrangère –avec
ce pays qui restera actif au sein du Conseil de sécurité des Nations unies–, la
défense et dans bien d’autres domaines. […] Le partenariat avec le Royaume-Uni
sera sans précédent par l’étendue et le nombre des sujets de coopération. » 9
d) La question de la frontière irlandaise
L’Irlande du
Nord fait partie du Royaume-Uni alors que la République d’Irlande reste dans
l’UE. Mais ni la République d’Irlande ni le Royaume-Uni ne veulent que soit
établie une frontière entre Irlande du Nord et République d’Irlande. Cette
frontière entraverait les échanges et remettrait en question l’accord de paix
dit « du Vendredi saint » 10. Ce traité a mis fin, en avril 1998, à
trente ans de troubles sanglants en Irlande du Nord qui rent plus de 3 500
morts. Il instaurait des coopérations entre l’Irlande du Nord et la République
d’Irlande, et indiquait qu’aucune frontière ne devait être établie entre les
deux pays.
Pour sortir de ce casse-tête et éviter l’instauration
d’une telle frontière physique, l’accord qui fixe les modalités du retrait
prévoit de maintenir le Royaume-Uni dans l’union douanière tant que le traité
sur les futures relations commerciales entre le Royaume-Uni et l’UE n’est pas
conclu.11
Mais
cette période transitoire risque de durer si les deux parties ne parviennent
pas à s’entendre sur leurs futures relations commerciales. Cette incertitude
rend difficile la ratification par le Parlement britannique de l’accord négocié
par la Première ministre britannique, Theresa May.
4. Le Royaume-Uni représente 13% de
la population de l’UE (avec 66 millions de Britanniques pour 511,8 millions
d’Européens en janvier 2017, chiffres Eurostat).
5. Le Royaume-Uni est la 5e
économie mondiale derrière les États-Unis, la Chine, le Japon et l’Allemagne (et très proche de la France et
de l’Inde –en PIB, données 2017 du FMI). Le Royaume-Uni représente 13,5 % du
PIB de l’UE.
6. La City de Londres est une des
principales places financières du monde, avec New York et Tokyo.
7. Le Royaume-Uni a le budget de la
défense le plus important au sein des pays de l’UE.
8. Les cinq membres permanents du
Conseil de sécurité de l’ONU sont la Chine, les États-Unis, la Russie, la
France et le Royaume-Uni.
9. Déclaration de Michel Barnier
devant la session plénière du Parlement européen sur les négociations «
Article50 » avec le Royaume-Uni, 29novembre 2018.
5-
Enjeux et
débats
Le point sur les prochains élargissements
Les candidatures de la Turquie, l’Albanie, la
république de Macédoine du Nord, le Monténégro et la Serbie ont été acceptées.
Ces cinq pays sont donc officiellement candidats ; néanmoins, aucune adhésion
prochaine n’est prévue. La Serbie et le Monténégro semblent les mieux préparés
et pourraient être prêts à adhérer d’ici à 2025. On note que la Turquie,
reconnue officiellement candidate depuis 1999, bénéficie d’un accord
d’association depuis 1964 et d’un accord de libre-échange depuis 1995.
Les deux autres États des Balkans occidentaux, la
Bosnie-Herzégovine et le Kosovo, pourraient adhérer à l’Union à plus long
terme. Ces adhésions paraissent légitimes tant sur le plan géographique que sur
le plan géopolitique. Jaap de Hoop Scheffer, ancien secrétaire général de
l’OTAN de 2004à 2009, résume :
« Il n’y a qu’une seule solution pour assurer une
sécurité et une stabilité durables dans les Balkans de l’Ouest. Cela consiste,
à terme, à voir les pays de cette région devenir membres de l’OTAN et de
l’Union européenne. »
Pays prospères et démocratiques, l’Islande, la Norvège
et la Suisse répondent globalement aux critères de Copenhague mais ont choisi
de rester à l’écart de l’Union européenne (1). L’adhésion des «
micro-États » (Andorre, Liechtenstein, Monaco, Saint-Marin, Vatican) n’est pas
non plus à l’ordre du jour.
La candidature turque
La candidature
de la Turquie a été acceptée en 1999 et les négociations ont commencé en 2005.
Néanmoins, la perspective de cette adhésion suscite beaucoup d’interrogations.
La Commission européenne défend la poursuite des négociations avec la Turquie.
Olli Rehn, ancien commissaire européen chargé de l’élargissement de 2004 à
2010, déclarait en 2005 :
« L’Europe a besoin à ses côtés d’une Turquie stable,
démocratique, prospère et en paix avec ses voisins, qui respecte nos valeurs,
nos règles de droit, nos normes en matière de droits de l’homme, d’économie, de
politique sociale ou d’environnement. Il y va de notre intérêt stratégique en
ce moment particulier où les relations avec le monde musulman en Europe et hors
d’Europe constituent l’un des défis majeurs de ce début de siècle. Or, le
processus de négociation représente le moyen le plus efficace pour atteindre
cet objectif et permettre à l’UE de servir de levier au développement du pays. »
Malgré les
tensions politiques entre l’UE et la Turquie liées au respect de l’État de
droit, Federica Mogherini, la Haute Représentante de l’Union pour les affaires
étrangères et la politique de sécurité, a appelé, en novembre 2016, à « garder
les canaux de communication ouverts » avec la Turquie. Geler les négociations
d’adhésion serait, d’après elle, une erreur où « tout le monde serait perdant»(2).
Les
limites de l’Union européenne
La question des
frontières définitives de l’UE reste ouverte. La Moldavie, l’Ukraine, la
Biélorussie, la Géorgie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan ont-ils vocation à adhérer un
jour à l’Union ? Hubert Védrine, ancien ministre français des Affaires
étrangères, donne sa vision de la question de l’élargissement :
« Il faut
stabiliser la géographie de l’Europe, qui ne peut être un ensemble gazeux extensible
à l’infini. Dans un premier temps, [l’UE] devrait dire qu’il y aura une limite
quelque part, ce qui n’est jamais dit. Ces limites seront sans doute un peu
au-delà des Vingt-Cinq mais très en deçà des quarante-six membres du Conseil de
l’Europe. Déjà, ce serait rassérénant. (3) »
Le Conseil
économique, social et environnemental français, dans son avis intitulé «
L’Union européenne à la croisée des chemins » (mai 2014), soutient la même idée
: « Les citoyens européens ne pourront adhérer à un projet commun que si son
contenu est clairement énoncé et son champ délimité. En d’autres termes,
l’Union a besoin de frontières pour que puisse s’établir un sentiment
d’appartenance à un espace politique déterminé. »
L’indépendance
d’une région
S’ils prévoient
la possibilité pour un pays de se retirer de l’Union, les traités ne prévoient
rien, en revanche, dans le cas où une région se sépare d’un pays membre de
l’Union. Le Comité européen des régions s’est penché sur la question et a
rendu, en avril 2013, un avis consultatif dans lequel il suggère que, dans
l’hypothèse où une région obtiendrait son indépendance et souhaiterait rester
dans l’UE, le nouveau pays ainsi créé devrait présenter sa candidature pour
devenir membre de l’Union, à l’instar de tout autre État. La question pourrait
se poser à l’avenir pour l’Écosse (au Royaume-Uni), la Catalogne (en Espagne)
ou encore la Flandre (en Belgique).
5-
Les principales politiques
5-1-L'espace shengen
Ce chapitre présente neuf politiques essentielles de
l’Union européenne.
Une politique se caractérise par son histoire, ses
objectifs, son organisation, son financement, ses résultats et ses
perspectives.
1. L’espace de liberté, de sécurité et de
justice : la libre circulation des personnes
Le trafic de drogue, le terrorisme, le crime organisé,
le blanchiment d’argent, les trafics d’armes et d’êtres humains, la corruption
et l’exploitation sexuelle des enfants
sont des activités criminelles transfrontalières que seule une coopération internationale peut permettre de
combattre efficacement.
1. Rappel historique
L’accord de
Schengen est signé en 1985, en dehors du cadre des Communautés européennes, par
cinq (Allemagne de l’Ouest, France, pays du Benelux) des six États membres
fondateurs. Par la suite, de nombreux autres
États, y compris des États non-membres de l’UE, comme l’Islande et la Norvège,
l’ont signé. Cet accord instaure entre les États signataires la suppression des
contrôles aux frontières, assortie d’une harmonisation de la politique des
visas et d’une coopération policière et judiciaire.
Le traité de
Maastricht, en 1992, établit une politique de « justice et affaires intérieures
», qui institue une coopération policière et judiciaire ; elle débute très
modestement en raison de la lourdeur de la méthode intergouvernementale alors
en vigueur dans ce domaine.
La méthode change
avec le traité d’Amsterdam, en 1997, et surtout, à partir de 2009, avec
l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne. La méthode communautaire, plus
énergique, peut s’appliquer à des domaines tels que le contrôle des frontières,
le droit d’asile, l’immigration, les visas et la coopération judiciaire. Pour
marquer cette avancée, les termes « justice et affaires intérieures » sont
remplacés depuis 1997 par « espace de liberté, de sécurité et de justice ».
Au printemps
2015, les conflits et les crises en Syrie et au Proche-Orient provoquent
l’arrivée en Europe d’un nombre considérable de réfugiés et de migrants. Face à
cette crise migratoire, plusieurs États membres réintroduisent des contrôles
aux frontières tandis que d’autres bâtissent des barrières physiques (des murs)
qui remettent en cause un des principes fondateurs de l’espace Schengen.
Attention !
L’accord de
Schengen a été signé en 1985 (en dehors du cadre des Communautés). Il est entré en vigueur en 1995 et a été intégré
au traité sur l’Union européenne en 1997.
2. Objectifs
Le traité sur
l’Union européenne stipule que l’Union doit constituer un « espace de liberté,
de sécurité et de justice sans frontières intérieures au sein duquel est
assurée la libre circulation des personnes, en liaison avec des mesures
appropriées en matière de contrôle des frontières extérieures, d’asile,
d’immigration ainsi que de prévention de la criminalité ». Concrètement, il
s’agit donc :
– d’assurer la libre circulation des personnes
;
– d’assortir cette liberté de mesures
appropriées dans le domaine du contrôle des frontières extérieures (contrôle
des frontières, politique de l’immigration, droit d’asile) et en matière de
lutte contre la criminalité (coopération policière et coopération judicaire)
3. Organisation
a) L’espace
Schengen et les politiques d’immigration et d’asile
Pour les États
de l’Union faisant partie de l’espace Schengen, les contrôles aux frontières intérieures de l’Union ont été
supprimés. En 2019, vingt-six pays sont membres de l’espace Schengen : Allemagne,
Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grèce,
Hongrie, Islande, Italie, Lettonie, Liechtenstein, Lituanie, Luxembourg, Malte,
Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République tchèque, Slovaquie, Slovénie,
Suède et Suisse.
Attention !
Vingt-deux des
vingt-sept États membres de l’Union européenne appartiennent à la
zone Schengen.
Manquent le Royaume-Uni et l’Irlande (qui ont choisi de rester à l’écart),
Chypre (qui doit améliorer le contrôle de ses frontières), la Bulgarie, la
Roumanie et la Croatie (qui sont les
derniers États ayant adhéré à l’UE).
Bien que
n’étant pas membres de l’UE, l’Islande et la Norvège font partie de la zone
Schengen. Ces
deux pays ont un accord de libre circulation avec le Danemark, antérieur
à l’accord de
Schengen. La Suisse et le Liechtenstein, enclavés dans l’Union européenne, ont aussi rejoint l’espace Schengen.
Parallèlement à
la suppression des frontières intérieures, des règles sont instaurées pour le
contrôle des frontières extérieures de l’Union. Le traité de Lisbonne accroît
les compétences de l’Union dans ce domaine et permet de :
– constituer une unité de surveillance des
frontières ;
– se doter d’une politique commune en matière
de droit d’asile ;
– mettre en place une politique commune en
matière d’immigration.
b) La coopération judicaire et la coopération
policière
➤ La coopération judicaire repose sur la confiance
réciproque des États membres dans le fonctionnement de leurs systèmes
judicaires respectifs.
Cette confiance
permet notamment la reconnaissance mutuelle des décisions de justice avec le «
mandat d’arrêt européen » et un traitement plus efficace des affaires
transfrontalières. L’Unité de coopération judiciaire de l’Union européenne
(Eurojust, créée en 2002) est chargée de faciliter cette coopération judicaire.
➤ La coopération policière est assurée par l’Office
européen de police (Europol, devenue « agence européenne » en 2009) qui a pour
mission de développer la coopération entre États membres dans les domaines de
la lutte contre la criminalité internationale, le terrorisme et toute forme de
criminalité portant atteinte à une politique de l’Union.
c) Les outils de l’espace de liberté, de sécurité et
de justice
L’ouverture des
frontières s’accompagne d’une collaboration accrue en matière de visas et de
coopération judiciaire. Cette coopération repose principalement sur le système
d’information Schengen (SIS). Il s’agit d’une vaste base de données sur les
personnes, partagée entre les « États Schengen » afin de sécuriser la
délivrance d’un visa ou le contrôle d’un ressortissant d’un pays tiers, et de
rechercher ou de surveiller des personnes ou des objets. Depuis 2014, le SIS vise aussi les
ressortissants signalés pour « radicalisation » par leur pays d’origine, qui
veulent quitter ou gagner l’espace Schengen.
4. Résultats
Outre la libre circulation des personnes, l’espace de
liberté, de sécurité et de justice est à l’origine de plusieurs avancées :
– le mandat
d’arrêt européen ;
– la procédure
d’asile unique (un seul document de demande d’asile pour l’ensemble de l’espace
Schengen) ;
– l’aide à
l’intégration des personnes immigrées ;
– une
réglementation commune des responsabilités parentales (en cas de divorce transfrontalier) ;
– la lutte
contre le terrorisme (définition commune et liste d’organisations).
5. Perspectives
a) L’espace Schengen
La Bulgarie,
Chypre, la Croatie et la Roumanie pourraient rejoindre l’espace Schengen à
moyen terme. Wolfgang Schäuble, ancien ministre allemand de l’Intérieur,
précise ainsi les règles : « Les dates dépendront du respect de conditions, à
savoir le fonctionnement correct du système informatique et la protection
efficace par les nouveaux États membres de leurs frontières extérieures.»
Cependant,
l’arrivée en Europe, à partir de 2015, d’un nombre considérable de réfugiés et
de migrants, à la suite des conflits en Syrie et au Proche-Orient, a conduit
plusieurs États membres à remettre en cause l’espace Schengen et à réintroduire
des contrôles aux frontières.
b) La coopération judicaire
Le traité de
Lisbonne accroît également les compétences de l’Union dans le domaine de la
coopération judicaire. Il permettra, à terme, la mise en place d’un «
euro-droit » et d’une « euro-justice » entre des États membres qui
souhaiteraient approfondir leur coopération en matière de sécurité intérieure.
Ce rapprochement pourrait s’effectuer dans le cadre de coopérations renforcées.
Eurojust,
l’actuel organe de coopération et de coordination judicaires, pourrait voir ses
compétences renforcées, avec des pouvoirs contraignants sur les juridictions
nationales. De même, l’idée d’un « parquet » européen ayant la capacité
d’exercer des poursuites judiciaires est toujours en discussion. Ce parquet
serait créé par le Conseil européen statuant à l’unanimité.
c) Le futur parquet européen
En 2017, 20
États membres ont décidé, dans le cadre d’une « coopération renforcée » 1, de créer un parquet
européen, qui aura pour mission de « protéger les intérêts financiers de l’UE ».
Il s’agit de garantir ainsi que l’argent du budget de l’Union est utilisé
correctement – par exemple, que les fonds européens ne sont pas détournés, que
l’argent est dépensé à bon escient ou que la TVA est bien perçue 2.
Ce parquet verra le jour fin 2020.
En pratique, un
procureur européen pourra déclencher les poursuites au niveau de chaque État et
mener l’enquête. Les personnes poursuivies seront déférées devant les
juridictions nationales. La directive PIF 3, adoptée en juillet
2017, servira de base légale à ces poursuites
À plus long
terme, le parquet européen pourrait voir ses compétences étendues à la
criminalité grave ayant une dimension transfrontière et à la lutte contre le
terrorisme. Le président français 4 et la Commission européenne sont
favorables à cette extension.
2. Le marché unique : la libre circulation des travailleurs,
des marchandises, des services et des capitaux
Le traité de
Rome (1957) avait instauré un marché commun en abrogeant les droits de douane.
Trente ans plus tard, l’Acte unique européen (1986) complète ce dispositif en
supprimant les barrières techniques et réglementaires et en créant un « marché
unique ».4
« Nous devons instituer un Parquet européen
contre la criminalité organisée et le terrorisme, au-delà des compétences
actuelles qui viennent d’être établies. » Discours d’Emmanuel Macron pour une
Europe souveraine, unie et démocratique, le 26 septembre 2017à la Sorbonne.
1. Voir le paragraphe « Coopérations
renforcées » à la fin de ce chapitre.
2. Une partie de la TVA des États
membres est reversée au budget de l’UE.
3. Directive du Parlement européen
et du Conseil « relative à la lutte contre la fraude portant atteinte aux
intérêts financiers de l’Union au moyen du droit pénal », 5juillet 2017
(dite directive « PIF »)
Retenir l’essentiel
L’espace
Schengen instaure la suppression des contrôles aux frontières intérieures de
l’UE, assortie d’une harmonisation de la politique des visas et d’une
coopération policière et judiciaire.
Début 2019,
vingt-six pays sont membres de l’espace Schengen : les vingt-huit États membres
de l’Union moins la Bulgarie, Chypre, la Croatie, l’Irlande, la Roumanie et le
Royaume-Uni, mais auxquels s’ajoutent l’Islande, la Norvège, la Suisse et le
Liechtenstein.
Deux organismes
assurent notamment la coopération policière et judiciaire :
– Europol pour la coopération policière ;
– Eurojust pour la coopération judiciaire.
À partir de 2020,
un parquet européen aura pour mission de protéger les intérêts financiers de
l’UE.
5-2. Le marché unique : la libre circulation
des travailleurs, des marchandises,
des services et des capitaux.
Le traité de
Rome (1957) avait instauré un marché commun en abrogeant les droits de douane. Trente ans plus tard,
l’Acte unique européen (1986) complète ce dispositif en supprimant les
barrières techniques et réglementaires et en créant un « marché unique ».
1. Rappel historique
Le traité de Rome (1957) avait pour objet principal la
création d’un marché commun par la suppression des droits de douane entre les
États. Le but du marché commun était d’accroître la prospérité économique, mais
également de contribuer à « l’union sans cesse plus étroite entre les peuples ».
Cette politique est rondement menée et la suppression
des droits de douane est acquise dès le
1er juillet1968.Cependant, à mesure qu’ils organisent la disparition
des droits de douane, les États font preuve de beaucoup d’imagination pour
mettre en place des règlements nationaux pénalisant les produits importés et
favorisant la production nationale. Ces règlements protectionnistes ont eu un «
effet équivalent » aux droits de douane car ils contraignaient les produits
importés à des adaptations coûteuses.
Conscient de ces difficultés, le Livre blanc de 1985
sur l’achèvement du marché intérieur propose de supprimer toutes les
frontières, y compris les barrières techniques constituées par les
réglementations nationales. En signant l’Acte unique (1986), les États
s’engagent à atteindre les objectifs du Livre blanc avant le 1er janvier 1993.
Les dernières frontières physiques, techniques et fiscales sont, pour
l’essentiel, supprimées le 1er janvier 1993.
Le nouvel espace sans frontières, semblable au marché
intérieur d’un État, est appelé « marché unique ».
2. Objectifs
L’objectif du marché unique est d’instaurer quatre
libertés qui font du marché européen l’équivalent du marché intérieur d’un
État. Il s’agit de :
– la libre
circulation des marchandises ;
– la libre
circulation des personnes ;
– la libre
circulation des services ;
– la libre
circulation des capitaux
4. « Nous devons instituer un
Parquet européen contre la criminalité organisée et le terrorisme, au-delà des compétences actuelles qui viennent
d’être établies. » Discours d’Emmanuel Macron pour une Europe souveraine, unie et
démocratique, le 26septembre 2017à la Sorbonne.
Attention !
Il faut bien
différencier les termes « marché commun » et « marché unique ». Le marché commun consiste en la suppression des droits
de douane entre les États. Le marché unique
va plus loin et présente les caractéristiques d’un marché intérieur national.
Toutes les frontières sont supprimées :
– frontières physiques (suppression des
contrôles des marchandises et des personnes aux frontières intérieures) ;
– frontières techniques (disparition des
entraves constituées par les réglementations nationales) ;
– frontières fiscales (rapprochement des taux
de TVA
3. Organisation
Les règlements techniques nationaux ont constitué
l’obstacle le plus délicat à l’établissement du marché unique. L’harmonisation
de spécifications techniques complexes a été longue et fastidieuse à réaliser.
Face à l’ampleur de la tâche, l’Union européenne a utilisé trois stratégies de
contournement : l’interdiction des « mesures d’effet équivalent », le principe
de reconnaissance mutuelle et la « nouvelle approche » en matière
d’harmonisation technique et de
normalisation.
a) Interdiction des « mesures d’effet équivalent »
Les règlements
techniques nationaux, en contraignant les produits importés à des adaptations
coûteuses, ont un effet équivalent aux droits de douane. On appelle ces
règlements des « mesures d’effet équivalent ». Dès 1957, le traité instituant
la CEE les interdisait.
Toutefois, en
l’absence de précisions sur ces « mesures d’effet équivalent » dans le traité,
il faut attendre 1974 et l’arrêt Dassonville de la Cour de justice des
Communautés (aujourd’hui CJUE) pour que leur interdiction devienne effective.
La Cour les définit comme « toute réglementation commerciale susceptible
d’entraver directement ou indirectement [...] le commerce intracommunautaire ».
b) Principe de reconnaissance mutuelle
Ce principe
impose qu’un produit légalement fabriqué et commercialisé dans un État membre
soit accepté dans tous les autres États membres, même s’il ne respecte pas
toutes les règles techniques. Autrement dit, c’est la législation du pays
d’origine du produit qui s’applique. En 1979, l’arrêt Cassis de Dijon de la
Cour de justice fixe le principe de reconnaissance mutuelle. Certaines
dérogations, justifiées par des raisons d’intérêt général telles que la
protection de la santé, la préservation de l’environnement ou la protection des
trésors nationaux sont néanmoins acceptées.
c) La « nouvelle approche » en matière d’harmonisation
technique et de normalisation
En 1985, face à
la difficulté de procéder à cette harmonisation par la voie de spécifications
techniques détaillées, les institutions européennes ont adopté une nouvelle
méthode:
– la
réglementation fixe, sous forme « d’exigences essentielles » obligatoires, les
objectifs à atteindre en matière de sécurité et de santé des personnes ou
d’environnement pour les produits mis sur le marché européen ou pour les
prestations de services ;
– les
organismes européens de normalisation élaborent les normes harmonisées donnant
des solutions pour atteindre les objectifs obligatoires définis par la
directive ou le règlement correspondant ;
– les produits
fabriqués ou les services fournis selon ces normes sont présumés être en
conformité avec les exigences essentielles fixées par la réglementation.
4. Résultats
L’instauration
du marché unique, en 1993, a produit des effets considérables :
– les échanges entre les pays membres ont
augmenté (d’environ 10 % par an pendant dix ans) ;
– la productivité s’est accrue ;
– les coûts de production ont diminué (sous la
pression de la concurrence, et grâce à l’harmonisation des règles techniques et
à la réduction du nombre de formalités).
Le marché unique européen est devenu le premier marché intérieur du monde
par la capacité d’achat de ses consommateurs ; en 2019, il représente 27pays et
est fort de 447millions d’habitants. On estime que l’Union européenne a gagné,
depuis sa création, entre 1,1 et 1,5 point de croissance par an et plus de 2,5 millions d’emplois. Toutefois,
l’objectif d’achèvement du marché unique n’est pas pleinement atteint, car il
doit constamment faire face à de nouveaux défis, en particulier dans les
domaines de l’énergie et de l’économie numérique. En mars 2017, la Commission
européenne, dans son « Livre blanc sur l’avenir de l’Europe », propose une
vision optimiste : à l’horizon 2025, « au sein de l’UE à 27, l’achèvement du
marché unique dans les domaines de l’énergie, du numérique et des services
suscite un fort intérêt associé à un niveau d’ambition élevé. Grâce à des
investissements conjoints en faveur de l’innovation et de la recherche,
plusieurs “Silicon Valleys” européennes sont créées pour accueillir des pôles
regroupant des sociétés de capital-risque, des jeunes pousses, des grandes
entreprises et des centres de recherche. Des marchés des capitaux pleinement
intégrés contribuent à mobiliser des fonds en faveur des PME et des grands projets d’infrastructure partout
dans l’UE.»
5-3. La politique agricole commune (PAC) et le
développement rural
Née il y a cinquante ans, alors que les membres fondateurs de l’Union
européenne sortaient à peine d’une décennie de restrictions alimentaires, la
PAC a débuté en subventionnant la production de denrées alimentaires de base, afin
d’assurer l’autosuffisance des pays concernés.
Depuis les années 1990, une « nouvelle PAC » soutient les revenus agricoles
et met davantage en lumière le rôle des agriculteurs dans la protection de
l’environnement et le maintien de la vitalité des économies rurales.
Le domaine agricole, qui comporte la politique agricole commune, le
développement rural, l’environnement et la pêche, représente 36 % du budget de
l’Union en 2019.
1. Rappel historique
a) La PAC : une politique essentielle
Le souvenir des
pénuries alimentaires dues à la Seconde Guerre mondiale est encore présent
lorsque les Six signent le traité de Rome, en 1957.
L’accroissement
de la productivité, la sécurité des approvisionnements, l’assurance de prix
convenables pour le consommateur constituent alors les principaux objectifs de
l’agriculture européenne.
En 1962, alors
que les six États membres des Communautés sont toujours déficitaires dans la
plupart de leurs productions agricoles, une politique agricole commune (PAC)
est mise en place. Elle organise la libre circulation des denrées alimentaires, unifie les prix et
instaure une solidarité financière entre les États membres. De ce fait, la
production agricole augmente rapidement et la Communauté connaît l’autosuffisance
alimentaire dès les années 1970.
b) La PAC victime de son succès
Cependant, la
PAC est victime de son succès. Dès le début des années 1980, face aux excédents
de production, l’Union doit mettre en place une coûteuse politique de quotas de
production et d’achat public de ces excédents.
c) La nouvelle PAC, le développement rural et
le « verdissement »
La PAC est
alors profondément réformée et, à partir de 1992, une « nouvelle
PAC » est mise
en œuvre. Les prix garantis – aides indirectes assurant aux agriculteurs un prix
minimum pour leur production– sont baissés, et en compensation des paiements
directs sont effectués, proportionnels à la taille des exploitations. En 1999
et 2003, de nouvelles réformes interviennent. Pour éviter la surproduction, les
aides à la production sont remplacées par une politique de soutien aux revenus
agricoles. Les sommes versées aux agriculteurs sont désormais indépendantes de
leur production.
On nomme «
découplage » ce mécanisme.
Parallèlement,
le développement rural devient une priorité, avec pour objectifs de lier
davantage la dépense agricole à l’aménagement du territoire et de réconcilier
l’agriculture avec son environnement.
En 2013, une
dernière réforme, dont l’objectif est de rendre la PAC plus équitable pour tous
les agriculteurs, quels que soient leur production et l’État où ils sont
installés, prévoit à la fois des mécanismes de convergence –internes (plus
grande égalité dans la distribution des aides directes entre les bénéficiaires
d’un même État membre), et externes (entre États
membres)– et le
« verdissement » de la PAC. Le verdissement (plus grande égalité entre les
montants moyens d’aide) implique que 30 % des paiements directs aux
agriculteurs soient conditionnés au respect d’un emploi optimal des ressources
naturelles. La réforme prévoit aussi un renforcement des mesures de régulation (concernant
notamment certaines productions-clés).
Attention !
La présentation
budgétaire de l’Union incite à distinguer :
– la politique agricole commune (soutien aux
prix et aides directes aux revenus des agriculteurs)
;
– le développement rural (aménagement du
territoire).
Cependant,
l’expression « politique agricole commune » est très fréquemment employée pour désigner l’ensemble (soutien aux prix et
aides aux revenus des agriculteurs, et développement
rural).
On parle alors
de :
– « premier pilier de la PAC » pour les aides
directes aux agriculteurs et les mesures de soutien du marché ;
– « second pilier de la PAC » pour le
développement rural.
Dans cet ouvrage,
nous distinguons politique agricole commune (soutien aux prix et aux revenus) et développement rural.
2. Objectifs
a) La politique agricole commune
Les objectifs de la PAC sont à la fois économiques et
sociaux, et concernent tant les producteurs que les consommateurs. Ils sont au
nombre de cinq :
– accroître la
productivité de l’agriculture ;
– assurer un
niveau de vie équitable à la population agricole ;
– stabiliser
les marchés ;
– garantir la
sécurité des approvisionnements ;
– assurer des
prix raisonnables pour le consommateur.
b) Le développement rural
Les principaux objectifs du développement rural
concernent deux grands domaines.
➤L’aménagement du territoire : les
actions en la matière sont très variées et concernent le reboisement des terres
agricoles, l’essor du tourisme rural, la promotion de la qualité des produits
agricoles, l’amélioration des infrastructures rurales, la rénovation et le
développement des villages, la protection du patrimoine rural, la recherche et
le développement des technologies agricoles et sylvicoles, la formation
professionnelle…
➤ La protection de l’environnement : les aides aux revenus agricoles sont
conditionnées au respect de normes en matière d’environnement, de sécurité
alimentaire, de santé animale et végétale et de bien-être des animaux (exemples
: maintien des prairies permanentes, diversification des cultures, préservation
de réservoirs écologiques, etc.). Ce mécanisme se nomme « conditionnalité » ou «
écoconditionnalité ».
c) La stratégie Europe 2020
À ces objectifs s’ajoute l’engagement politique de
poursuivre la stratégie
Europe 2020. Il s’agit, dans le cadre de la politique
agricole et du développement rural, de donner une priorité aux dépenses qui
soutiennent la croissance et l’emploi et qui préservent l’environnement
3. Organisation
Chaque produit ou groupe de produits fait l’objet d’un
règlement de marché destiné à atteindre les cinq objectifs de l’agriculture
européenne : productivité, sécurité des approvisionnements, prix raisonnables,
maintien du niveau de vie des agriculteurs, stabilisation des marchés. Ces règlements
sont appelés « organisations communes de marché » (OCM).
La réforme de la PAC, initiée en 1992 puis approfondie
en 2003 et étendue en 2013, a instauré les principes suivants.
➤ Les paiements directs (1992) : le
soutien aux prix agricoles (« régulation des marchés ») est progressivement
remplacé par une politique de soutien direct aux revenus des agriculteurs (dite
de « paiements directs »).
➤ Le découplage (2003) : les paiements
directs versés aux agriculteurs sont indépendants de leur production ; le but
est de réorienter la production vers la demande et le marché.
➤La conditionnalité ou
écoconditionnalité (2003) : les paiements directs sont conditionnés au respect
de normes en matière d’environnement, de sécurité alimentaire et de bien-être
des animaux.
➤ La modulation (2003) : les
paiements directs aux plus grandes exploitations sont réduits. Les sommes ainsi
économisées sont consacrées au développement rural
➤Les mécanismes de convergence et le verdissement (2013) : la convergence
permet de répartir plus équitablement les paiements directs entre les pays et
entre les agriculteurs d’un même pays, le verdissement encourage financièrement
les pratiques bénéfiques pour l’environnement et le climat.
4. Financement
Deux fonds européens, le FEAGA et le FEADER, financent
la PAC et le développement rural.
a) Politique agricole commune : le FEAGA
Le FEAGA (Fonds européen agricole de garantie) finance la politique
agricole commune par :
– le soutien
aux prix des produits agricoles (« régulation » des marchés agricoles) ;
– le soutien
aux revenus des agriculteurs (« paiements directs » aux agriculteurs) ;
– les
subventions pour l’exportation des produits agricoles vers les pays tiers, afin
de compenser la différence entre les prix européens et les prix mondiaux (« restitutions » à
l’exportation)
– certaines
actions d’information, de contrôle et de surveillance telles que la promotion
en faveur des produits agricoles ou des actions vétérinaires ponctuelles.
b) Développement rural : le FEADER
Le FEADER (Fonds européen agricole pour le
développement rural) finance les programmes de développement rural. Celui-ci
est aussi financé par la réduction des paiements directs aux grandes exploitations
puisque les sommes ainsi économisées sont consacrées au développement rural. Ce
mécanisme se nomme la « modulation ».
5. Résultats
La PAC a produit des résultats spectaculaires. Elle
assure, depuis les années
1970, l’autosuffisance alimentaire de l’Union.
L’agriculture de l’UE produit aujourd’hui d’importants excédents et celle-ci
est ainsi devenue le premier exportateur mondial de produits agroalimentaires.
La PAC contribue également à l’aménagement des
territoires en encourageant la diversification et la vitalisation de l’économie
rurale.
Retenir l’essentiel
La politique
agricole commune a cinq objectifs :
– accroître la productivité de l’agriculture ;
– assurer un niveau de vie équitable à la
population agricole ;
– stabiliser les marchés ;
– garantir la sécurité des approvisionnements ;
– assurer des prix raisonnables pour le
consommateur.
Une « nouvelle
PAC » est mise en place à partir de 1992 :
– le soutien aux prix est remplacé par une
politique de soutien aux revenus agricoles ; les sommes versées aux
agriculteurs sont indépendantes de la production (« découplage ») ;
– l’environnement est une préoccupation majeure
; les aides directes aux revenus agricoles sont conditionnées au respect de
normes environnementales (« conditionnalité ») ;
– le développement rural est encouragé («
modulation »).
Deux fonds
financent la politique agricole commune et le développement rural :
– le FEAGA finance la politique agricole commune
(soutien aux prix et aux revenus des agriculteurs, aide aux exportations) ;
– le FEADER finance le développement rural.
En 2013, la
dernière réforme de la PAC introduit des changements importants, en faisant
notamment des enjeux de convergence (interne et externe) et du verdissement de
la PAC des questions majeures
5-4. La politique
de cohésion, dite « régionale »
La politique de
cohésion économique, sociale et territoriale, appelée aussi « politique
régionale », est avant tout une politique de solidarité. Les pays les plus
riches aident les régions les plus en difficulté à surmonter leurs handicaps.
En réduisant
les disparités régionales qui affaiblissent le dynamisme de l’Union, cette
politique vise aussi à améliorer la compétitivité globale de l’Europe.
Après avoir
permis une intégration sans heurt de l’Irlande, de l’Espagne, du Portugal et de
la Grèce, la politique régionale est confrontée depuis 2004 au défi de l’élargissement
aux pays de l’Est. En 2019, cette politique représente 34 % du budget de
l’Union européenne.
1. Rappel historique
Dès le traité de Rome, en 1957, les États mentionnent
la nécessité « de renforcer l’unité de leurs économies et d’en assurer le
développement harmonieux en réduisant l’écart entre les différentes régions et
le retard des moins favorisées ». Le
Fonds social européen (FSE) et le Fonds européen d’orientation et de garantie
agricole sont créés en 1958 à cet effet.
En 1975, le Fonds européen de développement régional
(FEDER) est créé à son tour pour redistribuer une partie des contributions des
États aux régions déshéritées.
En 1986, l’Acte unique européen marque le début d’une
véritable politique de cohésion visant à apporter une contrepartie aux
contraintes du marché unique pour les pays du sud de l’Union et d’autres
régions défavorisées.
En 1992, le traité de Maastricht consacre la cohésion
comme un des objectifs essentiels de l’UE, parallèlement à l’union économique
et monétaire et au marché unique. Il instaure le Fonds de cohésion (mis en
place en 1994), qui finance des projets environnementaux et les infrastructures
de transport dans les États membres les moins prospères.
En 2013, la politique de cohésion est profondément
réformée. Son financement s’organise désormais en fonction de trois catégories
de région permettant de différencier l’aide à apporter :
– les régions
les moins développées, dont le PIB/habitant est inférieur à 75 % du PIB moyen
de l’Union ;
– les régions «
en transition », dont le PIB/habitant est compris entre 75 et 90 % du PIB moyen
de l’UE ;
– les régions
les plus développées
2. Objectifs
La politique régionale vise à réduire l’écart entre
les niveaux de développement des diverses régions en aidant les zones les moins
favorisées à rattraper leur retard. Ce rééquilibrage doit permettre le
renforcement de la cohésion économique, sociale et territoriale de l’Union
Les régions les moins favorisées sont souvent :
– les zones
rurales ;
– des zones où
s’opère une difficile transition industrielle ;
– des régions
souffrant de handicaps structurels comme les régions à très faible densité de
population, les régions montagneuses, insulaires ou transfrontalières.
À cet objectif s’ajoute l’engagement politique de
poursuivre la stratégie
Europe 2020. Il s’agit, dans le cadre de la politique
régionale, de donner une priorité aux dépenses qui soutiennent les objectifs de
la stratégie Europe 2020 : « créer de la croissance et des emplois, s’attaquer
au changement climatique et à la dépendance énergétique et réduire la pauvreté
et l’exclusion sociale ».
3. Organisation
La politique de cohésion dispose de trois instruments
pour atteindre son objectif :
➤ la coordination des politiques
économiques des États membres ;
➤ la mise en œuvre des politiques et
actions de l’Union, notamment celle du marché intérieur ;
➤ le financement spécifique de la
politique régionale au travers de l’utilisation des fonds structurels et du
Fonds de cohésion.
4. Financement
La politique de cohésion est financée par :
– deux fonds
structurels : le Fonds européen de développement régional (FEDER) et le Fonds
social européen (FSE) ;
– un Fonds de
cohésion, qui finance des projets en matière d’environnement et
d’infrastructures de transport (dans les pays dont le PIB/habitant est
inférieur à 90 % de celui de la moyenne de l’Union).
À ces financements s’ajoutent le Fonds de solidarité
de l’Union européenne, destiné à faire face aux grandes catastrophes naturelles
touchant des régions de l’UE, et l’Instrument d’aide de préadhésion, destiné
aux pays candidats.
5. Les résultats
Cette politique a produit des résultats probants. Elle a permis la réduction des inégalités entre régions. Ainsi, certains des États les moins prospères de l’Union au moment de leur adhésion (dans les années 1980, Grèce, Portugal, Irlande et Espagne) ont vu leur PIB moyen par habitant fortement augmenter. Elle a contribué à la réalisation d’autres politiques de l’Union telles que la mise en place du marché unique, l’environnement, les transports, la recherche. En exigeant une programmation régionale pluriannuelle et une évaluation des projets, en encourageant les coopérations et les échanges d’expériences au niveau européen, la politique régionale a contribué à une meilleure gouvernance territoriale en Europe.
Cette politique a produit des résultats probants. Elle a permis la réduction des inégalités entre régions. Ainsi, certains des États les moins prospères de l’Union au moment de leur adhésion (dans les années 1980, Grèce, Portugal, Irlande et Espagne) ont vu leur PIB moyen par habitant fortement augmenter. Elle a contribué à la réalisation d’autres politiques de l’Union telles que la mise en place du marché unique, l’environnement, les transports, la recherche. En exigeant une programmation régionale pluriannuelle et une évaluation des projets, en encourageant les coopérations et les échanges d’expériences au niveau européen, la politique régionale a contribué à une meilleure gouvernance territoriale en Europe.
5-5. La politique commerciale commune
L’Union européenne est la première puissance
commerciale mondiale. Même sans compter les échanges internes à l’UE, elle
occupe la première place dans les échanges mondiaux (elle assure 15 % de ces
échanges) devant les États-Unis, la Chine et le Japon. À ce titre, elle a
intérêt à promouvoir une ouverture régulée du commerce international.
1. Objectifs
D’après le traité sur le fonctionnement de l’Union
européenne (article206), avec la politique commerciale commune, l’UE contribue
« au développement harmonieux du
commerce mondial, à la suppression progressive des restrictions aux échanges
internationaux […] ainsi qu’à la réduction des barrières douanières et autres
».
Concrètement, l’Union poursuit trois objectifs :
– un meilleur
accès aux marchés mondiaux pour les entreprises européennes ;
– la défense du
marché intérieur et la préservation de certains secteurs de l’économie
européenne, notamment l’agriculture ;
– l’aide au
développement des pays émergents.
2. Organisation
a) Une compétence exclusive de l’Union
Conséquence de l’instauration du marché unique et de
la suppression des barrières douanières intérieures, les Vingt-Sept doivent
négocier d’une seule voix sur la scène internationale.
La politique commerciale est donc une compétence
exclusive de l’Union :
➤ Le Conseil et le Parlement définissent
la stratégie et les orientations de l’Union selon la procédure législative
ordinaire.
➤ La Commission joue un rôle central
: elle est, en particulier, le négociateur unique, au nom de l’UE, avec les
pays tiers, ainsi que dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce
(OMC). Elle tient le Conseil et le Parlement informés.
À l’issue des négociations, le Conseil signe les
accords négociés par la Commission. Pour certains d’entre eux, le Parlement
doit donner son approbation.
b) L’Union et l’Organisation mondiale du commerce
(OMC)
L’OMC (héritière du GATT) offre un cadre de
négociation et un mécanisme de gestion des conflits commerciaux. L’Union
européenne en est membre de plein exercice, comme chacun des vingt-sept États
membres. Cependant, au sein de l’OMC, c’est la Commission européenne
–porte-parole unique–qui négocie au nom de tous les États membres.
Parmi les sujets de discussion, l’agriculture tient
une place particulière.
Les subventions de la politique agricole commune pour
l’exportation des produits agricoles vers les pays tiers sont considérées comme
une entrave au commerce mondial par certains membres de l’OMC. L’Union
considère cependant que l’agriculture est un secteur à part, qui ne doit pas
être soumis aux mêmes règles que les biens manufacturés.
c) Le tarif extérieur commun
La politique commerciale commune repose avant tout sur
le tarif douanier commun aux pays de l’Union, nommé « tarif extérieur commun ».
Celui-ci s’applique à toutes les marchandises importées dans l’Union
européenne. Il est la conséquence de l’union douanière, qui a supprimé les
droits de douanes pour les échanges intra-européens.
d) La défense commerciale
La défense commerciale consiste à protéger les
entreprises de l’UE contre les pratiques déloyales de pays tiers. L’Union
rétablit alors des droits de douane sur les importations incriminées, ou
instaure des quotas. La défense commerciale est utilisée dans trois cas :
➤les mesures de sauvegarde si
l’accroissement imprévu et important des importations dans un secteur crée un
déséquilibre trop marqué ;
➤ les mesures anti-dumping si le prix
de vente des produits importés est inférieur à leur prix « normal »,
c’est-à-dire au prix de vente sur le marché domestique ou au coût de revient
➤ les mesures anti-subvention si un
produit importé est subventionné par son État d’origine.
■ Exemple
Panneaux solaires chinois et action antidumping
La Commission a constaté que certaines sociétés
chinoises vendaient en Europe des panneaux solaires à des prix nettement
inférieurs à leur valeur marchande normale, au détriment des fabricants de
panneaux solaires de l’Union européenne. En 2013, en réponse à cette pratique
de dumping, la Commission a décidé d’instituer une taxation supplémentaire pour
les entreprises chinoises qui refusent d’appliquer un prix de vente minimum aux
panneaux solaires importés.
e) Les accords commerciaux régionaux
L’Union européenne distingue trois grands types
d’accord pouvant la lier en matière commerciale avec des pays tiers : les
accords de partenariat et de commerce, les accords de libre-échange (ALE) et
les unions douanières.
Trois pays dominent aujourd’hui le programme de
négociations de l’UE :
– le Canada, premier pays du G7 avec lequel l’UE a
négocié un accord de libre-échange entré en vigueur en 2017 ; cet accord, nommé
« Accord économique et commercial global (AEGC) » ou CETA en anglais, est le
plus large et le plus ambitieux négocié à ce jour par l’UE ;
– les États-Unis, avec lesquels l’UE a engagé en 2013
une difficile négociation sur un accord –le TTIP ou TAFTA en anglais
(Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement)– qui pourrait
contribuer à définir les nouvelles règles du jeu du commerce international ;
– la Chine, avec laquelle l’UE poursuit une approche
progressive reposant, d’une part, sur la négociation d’accords bilatéraux
ciblés, et, d’autre part, sur l’intégration de la Chine dans des négociations
plurilatérales en cours concernant les technologies de l’information, les biens
environnementaux, les crédits export, etc.
f) L’aide au développement
L’Union utilise le commerce comme un outil de soutien
au développement. Pour aider certains pays pauvres à se développer par leurs
propres moyens, elle leur accorde un accès privilégié à son marché intérieur.
Ces accords commerciaux plus avantageux sont parfois dénoncés par des États
tiers qui ne bénéficient pas du même traitement.
■ Exemple
L’accord de Cotonou
En 2000, la Commission négocie l’accord de Cotonou qui
fixe, jusqu’en 2020, les modalités d’un important partenariat en matière d’aides
et de commerce entre l’Union européenne et des pays en développement d’Afrique,
des Caraïbes et du Pacifique (zone ACP).
3. Perspectives
Les priorités de l’Union dans ce domaine crucial sont
nombreuses. Il s’agit notamment de :
– développer
les relations commerciales avec la Chine afin de réduire le déficit commercial
de l’Union avec cette puissance ;
– relancer des
négociations dans le cadre de l’OMC pour ouvrir de nouveaux marchés aux
entreprises européennes et assurer une plus grande réciprocité dans les
échanges commerciaux ;
– garantir la
sécurité de l’approvisionnement en matières premières et en énergie ;
– protéger ses
droits de propriété industrielle pour défendre l’économie de l’Union, fondée
sur la connaissance et la recherche ;
– favoriser le
développement des pays émergents par leur intégration dans le commerce mondial
;
– intégrer dans
les règles commerciales les droits de l’homme, les droits des salariés et la
lutte contre la pauvreté
5-6. La politique sociale
Si l’Union européenne est convaincue qu’une intense
concurrence entre les entreprises est indispensable pour améliorer la
compétitivité de son économie, elle exprime aussi la conviction qu’une forte
solidarité entre les citoyens est indispensable à l’amélioration de la cohésion
sociale.
1. Objectifs
Le traité sur l’Union européenne (TUE) a fait du progrès
social un objectif de l’Union. Celle-ci « combat l’exclusion sociales et les
discriminations, et promeut la justice et la protection sociales, l’égalité
entre les femmes et les hommes, la solidarité entre les générations et la
protection des droits de l’enfant » (article3 du TUE). Les traités confirment
aussi le rôle des partenaires sociaux dans la construction d’une Europe du
progrès économique et social et ils soulignent la place particulière
qu’occupent les services d’intérêt économique général (les « services publics
»).
Le TUE prévoit aussi une clause sociale « horizontale
» qui oblige l’Union à prendre en compte certaines exigences (niveaux élevés
d’emploi, d’éducation et de formation professionnelle ; garantie de protection
sociale ; lutte contre l’exclusion sociale ; protection de la santé) dans
l’élaboration de ses politiques.
En 2000, le Conseil européen de Nice adopte un agenda
social qui s’articule autour de six orientations principales : emploi,
équilibre entre flexibilité et sécurité, lutte contre l’exclusion, protection
sociale, égalité entre hommes et femmes, volet social de l’élargissement.
La Charte européenne des droits fondamentaux (intégrée
au traité de
Lisbonne) doit guider les actions de l’Union
européenne dans le domaine social.
En novembre 2017, lors d’un sommet social de l’UE, les
chefs d’État et de gouvernement signent le « socle européen des droits sociaux
». Ce socle définit vingt principes clés donnant aux citoyens des droits
nouveaux tels que le droit à l’éducation, la formation et l’apprentissage tout
au long de la vie, l’égalité entre les femmes et les hommes, le droit à un
salaire juste permettant un niveau de vie décent, le droit à un équilibre entre
la vie professionnelle et la vie privée, la protection sociale, le droit à un
logement, etc. Le texte n’est pas juridiquement contraignant. Un tableau de
bord social permet de suivre sa mise en œuvre et les résultats dans l’ensemble
des pays de l’UE.
Tous ces éléments donnent une légitimité à l’Union
pour intervenir en matière de politiques sociales, notamment dans le domaine de
l’emploi.
2. Organisation
La politique sociale est une compétence partagée entre
les États membres et l’Union. Cependant, cette politique est principalement
conduite par les États. L’Union intervient seulement pour donner des
orientations, coordonner les politiques nationales, harmoniser certains aspects
de la législation et développer des normes minimales en matière de droit du
travail.
a) La stratégie « Europe 2020 »
Sous l’expression « stratégie Europe 2020 » sont
regroupées les grandes orientations économiques, sociales et environnementales
de l’Union. Cette stratégie vise notamment à stimuler la croissance et à mettre
celle-ci au service de la création d’emplois et de la lutte contre l’exclusion
sociale.
b) La stratégie européenne pour l’emploi
L’Union européenne s’efforce de coordonner et
d’accompagner les politiques des États membres au moyen d’une « méthode ouverte
de coordination ». Cette méthode définit des objectifs globaux pour l’Union,
organise des échanges de bonnes pratiques entre États membres et établit des
indicateurs communs qui permettent le suivi et l’évaluation des progrès
accomplis.
■ Exemple
Le portail européen sur la mobilité de l’emploi EURES
(European Employment Services) offre des informations, des conseils et des
services de recrutement aux travailleurs et aux employeurs désireux de tirer
profit du principe de la libre circulation des travailleurs. Il s’agit d’un
portail internet (http://ec.europa.eu/eures) associé à un réseau de coopération
des États membres dans le domaine de l’emploi.
c) La lutte contre l’exclusion sociale
Comme pour l’emploi, l’Union européenne s’efforce
d’encourager les politiques des États membres dans le domaine de la lutte
contre l’exclusion sociale au moyen de la « méthode ouverte de coordination ».
d) La libre circulation des travailleurs et des personnes retraitées
Le marché unique a instauré la libre circulation des
personnes. Ce droit à vivre et à travailler dans n’importe quel pays de l’Union
s’accompagne du droit de bénéficier de prestations sociales, notamment en
matière de santé, dans le pays de résidence.
De plus, a été instituée une carte européenne
d’assurance maladie qui permet aux Européens de se faire soigner lorsqu’ils se
rendent dans un autre pays que le leur.
e) Le droit du travail
Si chaque pays établit sa propre législation en
matière de conditions de travail, de santé et de sécurité au travail, le droit
européen fixe des normes minimales que chaque État membre doit respecter.
f) La non-discrimination
La non-discrimination est un principe fondamental de
la politique de l’Union (articles8 et 10 du TFUE). Il interdit les
discriminations du fait du sexe, de la race ou de l’origine ethnique, de la
religion ou des convictions, d’un handicap, de l’âge ou de l’orientation
sexuelle.
g) La reconnaissance des services d’intérêt économique
général
Les traités soulignent la place particulière
qu’occupent les services d’intérêt économique général (les « services publics
») ainsi que le rôle qu’ils jouent dans la promotion de la cohésion sociale et
territoriale de l’Union.
h) La protection de la vie privée
En mai 2018 est entré en vigueur le « règlement
général sur la protection des données (RGPD) », qui constitue désormais le
texte de référence en matière de protection des données à caractère personnel.
3. Financement
Trois fonds financiers de l’Union viennent en appui à
sa politique sociale :
– le Fonds social européen (FSE), créé dès 1957 et
doté de 80 milliards d’euros pour la période 2014-2020, vise le plein emploi,
l’augmentation de la qualité et de la productivité du travail, la promotion de
l’inclusion sociale et la réduction des disparités économiques au sein de
l’Union ;
– le Fonds européen d’ajustement à la mondialisation
(FEM), institué en 2007, doté d’un budget annuel de 150millions d’euros pour
la période 2014-2020, apporte un soutien aux salariés en cas de chocs
structurels liés à la mondialisation et aide, en cofinancement, les
travailleurs à se réinsérer sur le marché du travail ;
– le Fonds européen pour les plus démunis (FEAD), doté
de 3,8 milliards d’euros pour la période 2014-2020, a pour objectif d’assurer
la distribution de denrées alimentaires, de fournir une assistance matérielle
de base et de mettre en place des mesures d’inclusion sociale en faveur des
citoyens les plus démunis de l’UE.
5-7. Les coopérations renforcées et la différenciation
L’Europe paraît prise entre deux forces antagonistes :
celle de l’élargissement à d’autres pays et celle de l’intégration politique
entre États membres.
Le débat sur l’élargissement aborde aujourd’hui la
question des limites de l’Union, tandis que celui sur l’intégration a pris une
acuité particulière avec la difficile ratification du traité de Lisbonne.
A-t-on atteint une limite géographique ou politique ?
Les coopérations renforcées et, à plus long terme, la
différenciation, pourraient être des réponses au dilemme entre élargissement et
approfondissement
1. La coopération renforcée
La coopération renforcée est une exception au principe
selon lequel tous les États membres avancent ensemble en souscrivant aux mêmes
engagements. En instaurant une coopération renforcée, un groupe d’États –on
parle de « groupe de pionniers »– peut coopérer plus étroitement, dans certains
domaines spécifiques.
Ces pays, plus impatients ou mieux préparés, forment
ainsi, sur un sujet particulier, une avant-garde provisoire mais n’ont d’autre
ambition que d’entraîner, à terme, l’ensemble de l’Union.
La coopération renforcée obéit à des règles précises :
– elle ne peut
intervenir qu’en dernier ressort (c’est-à-dire si les objectifs recherchés par
cette coopération ne peuvent être atteints dans un délai raisonnable par
l’ensemble de l’Union) ;
– elle doit
impliquer neuf États au minimum ;
– elle doit
être ouverte à tous les États membres ;
–
l’autorisation de procéder à une coopération renforcée est accordée par
le Conseil de l’UE, sur proposition de la Commission et après approbation du
Parlement européen.
Les coopérations renforcées sont possibles dans le
domaine de la politique étrangère et de sécurité commune (PESC). Elles sont
alors appelées « coopérations structurées permanentes » et font l’objet de
modalités particulières.
La coopération renforcée est ouverte à tous. L’idée et
l’esprit sont qu’à terme tous les États finissent par adhérer à la politique
mise en place par le « groupe pionnier ».
■ Exemples
Coopération renforcée : les divorces de couples
binationaux
Chaque année, plus de 100 000divorces concernent des
couples issus de deux pays de l’UE. En juillet 2010, 14États membres, dont la
France, ont mis en œuvre une coopération renforcée pour adopter des règles
communes concernant les divorces de couples binationaux.
Coopération structurée permanente: la défense
européenne
En décembre 2017, 25États membres établissent une
coopération structurée permanente en matière de défense. Ce cadre de
coopération permet aux États européens d’investir dans des projets communs et
de renforcer la préparation opérationnelle de leurs forces armées. Les pays
participants sont les 28États membres en 2017 moins le Royaume-Uni, le
Danemark et Malte.
2. La différenciation
La coopération renforcée est la traduction
institutionnelle d’un débat plus large sur la « différenciation ». Certains
États de l’UE pourraient aller plus loin dans l’intégration européenne alors
que les autres s’en abstiendraient
En mars 2017, la Commission européenne, dans son «
Livre blanc sur l’avenir de l’Europe »
, évoque des hypothèses de différenciation. À
l’horizon 2025 :
➤ « Un groupe d’États membres décide
de coopérer beaucoup plus étroitement en matière de défense. »
➤ « Plusieurs pays vont de l’avant en
matière de sécurité et de justice. Ils décident de renforcer la coopération
entre les forces de police et les services de renseignement […]. Grâce à un
parquet conjoint, ils enquêtent collectivement sur la fraude, le blanchiment
d’argent et le trafic de drogue et d’armes. »
➤« Un groupe de pays incluant les membres de la zone euro et,
éventuellement, quelques autres choisit de renforcer nettement leur
collaboration dans le domaine fiscal et social notamment. […] Des normes
sociales convenues offrent une sécurité aux entreprises et contribuent à
l’amélioration des conditions de travail. »
➤ « La coopération industrielle est
renforcée. »
Lors d’un mini-sommet pour l’avenir de l’Union à
Versailles, en mars 2017, les chefs d’État ou de gouvernement français,
allemand, italien et espagnol plaident aussi pour une Europe à plusieurs
vitesses. « Quelques pays » pourraient
aller « plus loin dans des domaines comme la défense, comme la zone euro, à
travers l’approfondissement de l’Union économique et monétaire, comme
l’harmonisation fiscale et sociale, comme la culture ou la jeunesse ».
Si elle constitue un moyen efficace de poursuivre
l’intégration européenne, la différenciation doit néanmoins éviter deux écueils
:
– ajouter à la
complexité institutionnelle de l’UE, ce qui pourrait accroître la difficulté
qu’éprouvent les citoyens à comprendre son fonctionnement ;
– créer des
tensions entre les États participants et ceux qui restent en dehors.
■ Exemple
Dans le cadre de l’Union européenne, dix-neuf pays ont
adopté l’euro et vingt-deux participent à l’espace Schengen. Ces deux
politiques s’apparentent, à bien des égards, à des formes de différenciation.
Hors traité sur l’Union européenne, l’Agence spatiale européenne1
, dans le domaine de l’aéronautique et de l’espace, ou
le traité de Prüm2, en matière de coopération policière,
s’apparentent aussi à des formes de différenciation.
1. L’Agence spatiale européenne
comprend 22 pays membres (dont la Norvège et la Suisse qui ne font pas partie
de l’Union européenne).
2. Le traité de Prüm a été signé en
2005 par sept États membres de l’Union européenne (Belgique, Allemagne,
Espagne, France, Luxembourg, Pays-Bas et Autriche). Il vise à approfondir la
coopération transfrontalière en matière de police, notamment dans les domaines
de la lutte contre le terrorisme, la criminalité organisée et l’immigration
illégale.
Retenir l’essentiel
Dans le cadre de la coopération renforcée, un groupe d’États coopère plus
étroitement dans un domaine spécifique. La coopération renforcée doit impliquer
au minimum neuf États et être ouverte à tous les États membres.
La différenciation pourrait permettre de concilier élargissement (plus
d’États membres) et approfondissement (plus de politiques communes)
5-8. La politique étrangère et de sécurité commune
(PESC)
Avec près de 450millions d’habitants en 2019, l’Union
européenne est plus peuplée que les États-Unis ou que la Russie10.
Elle est aussi la première puissance commerciale mondiale et le premier
donateur en faveur des pays pauvres. Aujourd’hui, l’UE veut faire entendre sa
voix sur la scène internationale, exprimer sa position sur les conflits armés,
sur les droits de l’homme et sur tous les sujets liés à ses valeurs et à ses
principes fondamentaux.
1. Rappel historique
Avec le traité de Rome, en 1957, les Six, échaudés par
l’échec de la Communauté européenne de défense, se concentrent sur les aspects
économiques. Cependant, à partir de 1970, les États membres de l’Union
s’efforcent de se concerter sur les grands problèmes de politique
internationale. On parle alors de « coopération politique européenne ».
En 1986, l’Acte unique officialise cette coopération
intergouvernementale sans en changer la nature ni les modalités d’exercice.
La transformation a lieu à Maastricht en 1992. Pour la
première fois, les
États membres inscrivent dans le traité l’objectif
d’une politique étrangère et de sécurité commune (PESC).
En 2009, le traité de Lisbonne instaure une fonction
de Haut Représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de
sécurité. Ce Haut Représentant est assisté d’une administration : le Service
européen pour l’action extérieure (SEAE).
2. Objectifs
a) En théorie, des objectifs très larges
L’Union doit sauvegarder ses intérêts, sa sécurité,
son indépendance et son intégrité
Mais elle s’efforce aussi de développer des
partenariats avec les pays tiers afin de promouvoir ses principes et ses
valeurs. Il s’agit de :
– soutenir la
démocratie et les droits de l’homme ;
– préserver la
paix et prévenir les conflits ;
– soutenir les
pays en développement afin d’éradiquer la pauvreté ;
– encourager
l’intégration de tous les pays dans l’économie mondiale ;
– préserver et
améliorer la qualité de l’environnement ;
– aider les
populations confrontées à des catastrophes naturelles ou d’origine humaine ;
– promouvoir un
système international fondé sur la coopération.
b) En pratique, les « missions de Petersberg »
Les opérations militaires de « maintien de la paix et
de renforcement de la sécurité internationale » que l’Union effectue sont
appelées « missions de Petersberg ».
Ce sont des missions :
– humanitaires
ou d’évacuation de ressortissants ;
– de maintien
de la paix ;
– de combat,
notamment pour des opérations de rétablissement de la paix.
Ce type de mission constitue la réponse de l’Union à
une crise internationale
3. Organisation
a) Le Haut Représentant et le Service européen pour
l’action extérieure
Un Haut Représentant de l’Union pour les affaires
étrangères et la politique de sécurité contribue à l’élaboration de la
politique extérieure de l’Union.
Le Haut Représentant est à la fois :
– vice-président de la Commission ;
– président du Conseil de l’Union européenne
dans sa formation « affaires étrangères »
10. 447 millions sans le
Royaume-Uni, 513 millions avec. Les États-Unis comptent 325millions d’habitants
et la Russie 145millions.
Cette double appartenance garantit la cohérence de la
politique étrangère de l’Union. Le rôle du Haut Représentant s’apparente ainsi
à celui d’un ministre des Affaires étrangères de l’Union. L’Italienne Federica
Mogherini occupe ce poste pour la période 2014-2019
Le Haut Représentant de l’Union est assisté depuis
2011 d’une administration spécifique distincte de la Commission et du Conseil :
le Service européen pour l’action extérieure (SEAE). Celui-ci est doté
d’environ
3 500 agents et regroupe :
– un quartier
général à Bruxelles, où travaillent fonctionnaires européens et personnel
détaché par les services diplomatiques des États membres ;
– les
délégations de l’Union européenne à travers le monde.
Le SEAE coopère aussi avec toutes les ambassades des
États membres dans le monde.
b) La solidarité entre les États membres
Le traité de Lisbonne prévoit deux mécanismes de
solidarité des Européens face aux menaces qui pèsent sur leur sécurité : la
clause dite « de défense mutuelle » et la clause de solidarité.
➤ La clause dite « de défense
mutuelle » prévoit une solidarité militaire entre les États membres de l’Union.
Ces derniers ont l’obligation de porter assistance, par tous les moyens, à un
État membre qui serait l’objet d’une agression armée sur son territoire. Cette
obligation tient compte de la tradition de neutralité de certains États
(Autriche, Finlande, Irlande et
Suède) et elle n’affecte pas l’appartenance des États
membres à l’OTAN.
■ Exemple
La clause de défense mutuelle a été invoquée pour la
première fois par la France le 17 novembre 2015, suite aux attentats du
13novembre à Paris et Saint-Denis. Elle a reçu une réponse rapide de nombreux
pays de l’UE, aux premiers rangs desquels le Royaume-Uni et l’Allemagne, sous
forme d’un soutien logistique.
➤ La clause de solidarité prévoit une
assistance mutuelle face à la réalisation d’autres menaces. L’Union et les
États membres ont l’obligation de porter assistance, par tous les moyens, à un
État membre victime d’une attaque terroriste, d’une catastrophe naturelle ou
d’un désastre d’origine humaine (accident industriel, par exemple).
■ Exemple
Cette clause de solidarité a été mise en œuvre à la
suite des attentats de Madrid, en mars 2004
c) Les programmes et les forces communes
Les États membres qui le souhaitent peuvent renforcer
ensemble leurs capacités d’action dans le cadre de « coopérations structurées
». Celles-ci ont un caractère permanent.
Ainsi, les pays qui le souhaitent peuvent mener
ensemble des programmes d’équipement militaire ou mettre à la disposition de
l’Union des unités communes de combat. Ces États seront ainsi capables de mener
des opérations militaires pour le compte de l’Union.
La mise en place d’une coopération structurée
permanente est soumise à une décision du Conseil de l’Union européenne. Si un
nouvel État souhaite rejoindre la coopération, son admission est soumise à un
vote des États participant déjà à la coopération.
Ces coopérations structurées permanentes pourraient, à
terme, déboucher sur un système de défense commun.
d) Le Corps volontaire européen d’aide humanitaire
Il permet à de jeunes Européens de contribuer aux
actions humanitaires de l’Union en venant en aide aux populations frappées par
des catastrophes à travers le monde.
e) Trois organes pour la politique étrangère et de
sécurité commune
Trois organes effectuent des tâches spécifiques
relatives à la politique étrangère et de sécurité commune. Ils sont placés sous
l’autorité du Haut Représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la
politique de sécurité.
➤ L’Agence européenne de défense
(AED) a six missions : contribuer à identifier les objectifs de capacités
militaires des États membres ; promouvoir l’harmonisation des besoins
opérationnels et l’adoption de méthodes de marchés publics performantes et compatibles
; proposer des projets multilatéraux pour remplir les objectifs en termes de
capacités militaires ; soutenir la recherche technologique de défense,
coordonner et planifier les activités de recherche conjointes ; identifier et
mettre en œuvre toute mesure utile visant à renforcer la base industrielle et
technologique du secteur de défense ; soutenir la coopération structurée
permanente
➤ Le Comité politique et de sécurité (COPS) suit la situation
internationale, contribue à la définition des politiques et surveille leur mise
en œuvre. Ce Comité exerce aussi le contrôle politique et la direction
stratégique des opérations de gestion de crise.
➤ L’Institut d’études de sécurité de
l’Union Européenne promeut une culture de sécurité européenne commune et
favorise le débat stratégique européen.
4. Processus décisionnel : les États décident
Dans le domaine particulier de la politique étrangère et
de sécurité commune, les États ont gardé un important contrôle sur les
décisions :
– l’initiative
des propositions appartient aux États ou au Haut Représentant de l’Union pour
les affaires étrangères et la politique de sécurité ;
– les décisions
sont prises par le Conseil européen ou le Conseil de l’Union européenne, le
plus souvent à l’unanimité ;
– l’exécution des décisions relève des États membres
ou du Haut Représentant.
Le rôle du Parlement européen et celui de la Cour de
justice de l’UE sont très limités dans le domaine de la politique étrangère et
de sécurité commune. Cependant, en matière de coopération économique et
technique avec les pays tiers, c’est la procédure législative ordinaire qui
s’applique.
Le Parlement est alors pleinement associé aux
décisions et la Cour de justice peut être saisie.
5-9. La stratégie Europe 2020
Sous l’expression « stratégie Europe 2020 » sont
regroupées les grandes orientations économiques, sociales et environnementales
de l’Union européenne.
1. Rappel historique
Au printemps 2000, le Conseil européen de Lisbonne définit
une stratégie dont l’objectif est de saisir les opportunités offertes par la
nouvelle économie. L’objectif déclaré est de « faire de l’Union l’économie de la
connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde, d’ici 2010 ».
Concrètement, il s’agit de rattraper le retard pris
par rapport aux États-
Unis dans le secteur des nouvelles technologies,
l’objectif final étant de stimuler la croissance et de créer des emplois. Ces
axes stratégiques de développement définis par le Conseil européen sont
désignés sous le terme de « stratégie de Lisbonne ».
En juin 2001, le Conseil européen de Göteborg élargit
cette stratégie à la protection de l’environnement et à la réalisation d’un
modèle de développement durable.
En mars 2010, face aux résultats mitigés de la
décennie 2000-2010, le Conseil européen propose de relancer la stratégie
européenne pour l’emploi et la croissance pour la décennie 2010-2020. La
nouvelle stratégie est nommée « Europe 2020 ». Le Conseil européen fixe six
objectifs chiffrés à atteindre avant 2020.
Chaque printemps, un Conseil européen est consacré au
suivi de la stratégie Europe 2020.
Attention !
Par «
développement durable », l’Union entend la réalisation simultanée de trois
objectifs :
– la compétitivité de l’économie ;
– la création d’emplois et l’insertion sociale
;
– la protection de l’environnement et la
prévention des risques.
Le développement
durable cherche donc à concilier des objectifs économiques, sociaux et
environnementaux.
2. Objectifs
De façon générale, la stratégie Europe 2020 doit
permettre de :
– faire de la
connaissance et de l’innovation les moteurs d’une croissance économique durable ;
– mettre cette
croissance au service de la création d’emplois et de l’insertion sociale (lutte
contre la pauvreté) ;
– prendre en
compte la dimension environnementale dans la mise en œuvre de toutes les
politiques.
Concrètement, la stratégie Europe 2020 doit permettre
d’atteindre six objectifs chiffrés dans les trois secteurs cités ci-dessous.
a) Connaissance et innovation
– 3 % du PIB
doit être investi dans la recherche (publique ou privée) ;
– le taux
d’abandon scolaire doit être inférieur à 10 % ;
– 40 % des
jeunes générations doivent obtenir un diplôme de l’enseignement supérieur.
b) Emploi et insertion sociale
Plus de 75 % de la population âgée de 20 à 64ans doit
avoir un emploi.
20 millions de personnes doivent sortir du risque de
pauvreté.
c) Environnement
D’ici 2020, l’objectif dit des « 3fois 20 » en matière
d’énergie et de climat doit être réalisé. Il s’agit de réduire de 20 % les
émissions de gaz à effet de serre (par rapport au niveau de 1990), de diminuer
de 20 % la consommation d’énergie primaire (par rapport aux projections 2020)
et d’atteindre le niveau de 20 % d’énergies renouvelables dans la consommation
d’énergie
3. Organisation
Chaque printemps, un Conseil européen est entièrement
consacré à la stratégie Europe 2020.
Une nouvelle méthode, dite « de coordination ouverte
», permet de diffuser les meilleures pratiques d’un pays à l’autre.
Toutes les politiques de l’Union, notamment la
politique agricole commune et la politique de cohésion, doivent contribuer à
l’accomplissement des objectifs de la stratégie Europe 2020.
Source.
Auteur: Dumoulin, Michel
Editeur: La Documentation française
Année de Publication: 2019
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