LE NOUVEAU PARADIGME ASIATIQUE DE LA RUSSIE
GEOPOLITIQUE DU MARCHE DES HYDROCARBURES EN ASIE CENTRALE
TR "L'Asie de la maturité ?" Pierre BUHLER
L'index de la biodiversité urbaine
TR Etre jeune en Inde
TR Wirathu, le "Ben Laden birman"
Source : Le Monde, 8 août 2015 (attention : intervertir les deux derniers scans)
TR Le charbon fait de la résistance
TR LE GRAND OUEST CHINOIS, un enjeu stratégique de développement
TR L'intégration en Asie
partie 1 : finance et traités commerciaux
partie II exemple de l'Australie : compléments du texte du TR
TR Christian GRATALOUP "Le commerce, miroir des inégalités", Atlas global.
GEOPOLITIQUE DU MARCHE DES HYDROCARBURES EN ASIE CENTRALE
TR "L'Asie de la maturité ?" Pierre BUHLER
L'index de la biodiversité urbaine
TR Etre jeune en Inde
Source : Le Monde, 8 août 2015 (attention : intervertir les deux derniers scans)
TR Le charbon fait de la résistance
TR LE GRAND OUEST CHINOIS, un enjeu stratégique de développement
TR L'intégration en Asie
partie 1 : finance et traités commerciaux
partie II exemple de l'Australie : compléments du texte du TR
TR Christian GRATALOUP "Le commerce, miroir des inégalités", Atlas global.
TR Tensions maritimes en Asie du Sud-Est
complément article du Figaro
La Chine construit des îles artificielles pour revendiquer des zones maritimes
La République populaire entend asseoir son influence sur des ilôts inhabités mais stratégiques de la mer de Chine.
Une île artificielle en forme de porte-avion. La Chine est en train d'agglomérer des milliers de tonnes de terre sur un récif corallien afin de le transformer en piste d'atterrissage. L'objectif: asseoir sa domination sur une zone stratégique très disputée, la mer de Chine.
Jusqu'à présent, la majeure partie de l'île de Fiery Cross, ou Yongshu, en Chinois, se trouvait sous l'eau, à l'exception de quelques rochers et d'une surface de béton artificielle, servant à héberger une petite garnison de soldats. Des images satellites, analysées par des experts anglo-saxons de l'IHS, ont montré que depuis quelques mois, des navires chinois draguaient les fonds environnants. Les images ont également montré que ces derniers rassemblent les sédiments sur la barrière de corail, afin de faire émerger des eaux une piste de 3000 mètres de long sur 300 mètres, au plus, de large. Un port, à l'est de l'île, serait également en train d'être créé par les dragues chinoises. Il serait suffisamment grand pour «accueillir des pétroliers ou de grands navires de guerre», selon les experts de l'IHS.
Yongshu est située dans l'archipel des Spratleys, un territoire en plein milieu de la mer de Chine dont les récifs confettis, d'une superficie totale de 5 km2, sont répartis sur une zone de 410.000 km2. Quelques bouts de terre disputés entre le Brunei, la Malaisie, les Philippines, Taïwan et la Chine, dernière puissance à ne pas disposer de piste d'atterrissage dans les environs.
Si la Chine s'y intéresse autant, ce n'est pas en souvenir de quelques pêcheurs ancestraux. Cette zone, inconnue du grand public, est d'un intérêt géostratégique majeur. Elle est le point de passage entre l'Océan indien et l'Océan pacifique et permet la communication de l'Europe et de l'Asie orientale. Près d'un tiers du trafic maritime commercial du monde y passe, 90% de celui de la Chine. La Corée du Sud, le Japon et Taïwan y font transiter plus de la moitié de leurs ressources énergétiques. Si les éventuelles réserves de pétrole semblent pour le moment limitées, celles de gaz semblent au contraire très importantes: la zone pourrait comporter 13% des réserves mondiales, selon le rapport du ministère de la Défense.
La Chine reproduit ici une tactique déjà éprouvée un peu plus au nord, dans l'archipel inhabité des Paracels, situé en face du Vietnam, qui revendique également ces territoires. Pékin y a créé une piste et un port. Dans les années 1970, un bref engagement entre la Chine et le Sud-Vietnam avait coûté la vie à 70 marins et envoyé par le fond trois navires vietnamiens. Seulement, après cet épisode, la présence chinoise avait été confortée dans l'archipel. En mai 2014, la Chine se servait de cette base territoriale pour justifier l'installation d'une plate-forme pétrolière dans les eaux des Paracels, entraînant une importante crise diplomatique avec le Vietnam.
Jusqu'à présent, la majeure partie de l'île de Fiery Cross, ou Yongshu, en Chinois, se trouvait sous l'eau, à l'exception de quelques rochers et d'une surface de béton artificielle, servant à héberger une petite garnison de soldats. Des images satellites, analysées par des experts anglo-saxons de l'IHS, ont montré que depuis quelques mois, des navires chinois draguaient les fonds environnants. Les images ont également montré que ces derniers rassemblent les sédiments sur la barrière de corail, afin de faire émerger des eaux une piste de 3000 mètres de long sur 300 mètres, au plus, de large. Un port, à l'est de l'île, serait également en train d'être créé par les dragues chinoises. Il serait suffisamment grand pour «accueillir des pétroliers ou de grands navires de guerre», selon les experts de l'IHS.
Yongshu est située dans l'archipel des Spratleys, un territoire en plein milieu de la mer de Chine dont les récifs confettis, d'une superficie totale de 5 km2, sont répartis sur une zone de 410.000 km2. Quelques bouts de terre disputés entre le Brunei, la Malaisie, les Philippines, Taïwan et la Chine, dernière puissance à ne pas disposer de piste d'atterrissage dans les environs.
Une zone très stratégique
Dans un rapport, le ministère de la Défense français rappelle que les prétentions de Pékin sont fondées sur des arguments historiques: «La Chine prétend que des pêcheurs chinois fréquentent la mer de Chine du Sud depuis des époques aussi reculées que la période des Trois Royaumes (220-265).» Selon le rapport, il faut en réalité attendre les années 1980 pour qu'elle s'intéresse réellement à ces îles perdues. En 1987, la Chine en occupe 7. Cinq ans plus tard, elle revendique la totalité de l'archipel.Si la Chine s'y intéresse autant, ce n'est pas en souvenir de quelques pêcheurs ancestraux. Cette zone, inconnue du grand public, est d'un intérêt géostratégique majeur. Elle est le point de passage entre l'Océan indien et l'Océan pacifique et permet la communication de l'Europe et de l'Asie orientale. Près d'un tiers du trafic maritime commercial du monde y passe, 90% de celui de la Chine. La Corée du Sud, le Japon et Taïwan y font transiter plus de la moitié de leurs ressources énergétiques. Si les éventuelles réserves de pétrole semblent pour le moment limitées, celles de gaz semblent au contraire très importantes: la zone pourrait comporter 13% des réserves mondiales, selon le rapport du ministère de la Défense.
Le précédent des Paracels
Outre l'évidente menace que représente la militarisation chinoise, la création de cette nouvelle terre vient asseoir la revendication de souveraineté chinoise: au regard du droit international, l'attribution d'une zone économique exclusive est déterminée par la possession d'un territoire côtier.La Chine reproduit ici une tactique déjà éprouvée un peu plus au nord, dans l'archipel inhabité des Paracels, situé en face du Vietnam, qui revendique également ces territoires. Pékin y a créé une piste et un port. Dans les années 1970, un bref engagement entre la Chine et le Sud-Vietnam avait coûté la vie à 70 marins et envoyé par le fond trois navires vietnamiens. Seulement, après cet épisode, la présence chinoise avait été confortée dans l'archipel. En mai 2014, la Chine se servait de cette base territoriale pour justifier l'installation d'une plate-forme pétrolière dans les eaux des Paracels, entraînant une importante crise diplomatique avec le Vietnam.
TR CONCEPT D'EMERGENCE
Note de lecture de Géopolitique des pays émergents - Ils changent le monde de Sylvia Delannoy (puf, mars 2012) par Baptiste Petitjean, directeur de la Fondation Res Publica. Enfin un ouvrage qui s’applique à définir « l’émergence », mot-valise trop pratique pour décrire des bouleversements économiques et géopolitiques actuels plus complexes qu’ils n’en ont l’air. Pris comme phénomène ou comme processus, le concept place un groupe de pays assez hétérogène "en position de force face à un Occident dont on annonce partout le déclin" [page 34], y compris sur le plan des valeurs.
L’auteur réussit le tour de force de rendre compte de la complexité du concept d’émergence grâce à une approche plurifactorielle et classificatrice. A la fois phénomène et processus, le terme vient du monde financier : il apparaît en 1981 sous la plume d’Antoine Van Agtmaël, dans un rapport de la Société Financière Internationale (organisme de la Banque Mondiale) et renvoie à des marchés propices aux investissements. L’émergence va ensuite intégrer le vocabulaire courant de l’économie et des relations internationales. Il caractérise avant tout un pays à croissance rapide, offrant un cadre propice aux investisseurs étrangers. Un pays en situation de décollage économique avec une célérité inédite. Les puissances émergentes sont en bonne position des classements internationaux : croissance rapide (1), part croissante dans le commerce mondial (2), principaux récepteurs d’investissements directs étrangers (IDE) (3) etc. Elles jouissent d’une capacité exceptionnelle à augmenter et à diversifier leur production industrielle (4), mais aussi à monter en gamme pour dégager plus de valeur ajoutée, sans oublier la progression des activités tertiaires (5). Les clefs de l’émergence peuvent effrayer les pays du Nord qui voient désormais des pays du Sud diffuser des produits de haute technologie innovants et performants. Il s’agit d’une réelle perspective de changement pour l’ordre économique international. Les exemples les plus frappants sont les rachats de firmes occidentales célèbres par des firmes chinoises, indiennes ou brésiliennes (6). Egalement reprise par l’auteur, la thèse de la remise en question de la division internationale du travail qui s’est opérée depuis le début des années 2000 : les pays émergents sont à présent capables d’abriter des activités de conception, de R&D et de direction, et non plus seulement de fabrication.
Cependant l’émergence économique n’est que la partie visible de l’iceberg, elle est en fait le fondement de la puissance géopolitique et c’est sur cette analyse que se distingue cet ouvrage. Les pays émergents partagent tous, de manière plus ou moins radicale, « la promesse d’un basculement du monde » [page 21] et véhiculent un « nouveau paradigme géopolitique » [page 75]. Le G20, fruit de la crise économique mondiale de 2008 et de la violente période de déclassement subie par l’Europe et des Etats-Unis, est l’une des conséquences évidentes des bouleversements opérés dans l’ordre géopolitique et économique mondial depuis le début des années 2000. C’est sans doute « l’organe de la gouvernance mondiale le plus révélateur du basculement du monde » [page 79]. Les puissances émergentes possèdent également une vision commune des relations internationales, souvent en opposition ou concurrentes aux valeurs occidentales. Que ce soit le Brésil, la Russie l’Inde ou la Chine – les BRIC (7) –, tous prônent la souveraineté étatique et le rejet de l’ingérence. Notons au passage que l’émergence a souvent pour moteur « la revanche sur un passé douloureux » en référence à la colonisation (l’Inde par exemple), de façon plus générale à la domination occidentale (l’auteur dresse un tableau remarquable des humiliations subies par la Chine depuis la Première Guerre de l’Opium en 1839-1842) ou bien à une perte d’influence (la Russie après la chute de l’URSS). Ces principes nouveaux tendent à remettre en cause l’hégémonie occidentale et principalement américaine, ainsi que des valeurs faisant par exemple des droits de l’homme le fondement universel de l’action politique. Cela se retrouve notamment dans l’attitude « horizontale » proposée par les pays émergents aux pays en développement (PED) et aux pays les moins avancés (PMA). Toutefois, pour les pays africains en particulier, bien que cette démarche puisse les aider à s’amarrer à la mondialisation, elle peut aussi faire naitre de grandes tensions sociales et de lourds questionnements (8).
A la lecture du livre de Sylvia Delannoy, on réalise toute l’ambiguïté et la complexité du phénomène de l’émergence. On ne sait pas bien si nous voyons se développer une nouvelle mondialisation, guidée par des principes certes libéraux mais tout de même affranchis des préceptes du consensus de Washington. Des paradigmes concurrents commencent à émerger : le consensus de São Paulo ou le consensus de Pékin, qui revisite la place et le rôle de l’Etat. Ce dernier est perçu comme un acteur clé, capable soit de donner une impulsion à l’activité économique, soit de piloter lui-même les agents économiques afin de construire un plan de développement. Assiste-t-on plutôt à une occidentalisation des puissances émergentes ? Celles-ci restent finalement dépendantes des débouchés commerciaux et des investissements de l’Europe et des Etats-Unis. Elles sont également touchées par le soft power américain, tant dans le mode de vie que dans l’usage de l’anglais comme langue universelle.
Est-ce alors « la capacité d’intégration à la mondialisation qui caractérise le mieux l’émergence » [page 37] ? La globalisation, en effet, a donné aux pays émergents l’occasion de faire valoir leurs atouts et de venir bousculer les grands pays développés. Toutefois, depuis l’effondrement du bloc soviétique et depuis que la montée des pays émergents accélère l’apparition d’un monde multipolaire, on constate la montée en puissance d’un duopole Chine / Etats-Unis – ce que nous appelons le G2 (9) –, qui laisse à penser que nous sommes passés d’une bipolarité à une autre, même si elle n’est que transitoire.
Cependant l’émergence économique n’est que la partie visible de l’iceberg, elle est en fait le fondement de la puissance géopolitique et c’est sur cette analyse que se distingue cet ouvrage. Les pays émergents partagent tous, de manière plus ou moins radicale, « la promesse d’un basculement du monde » [page 21] et véhiculent un « nouveau paradigme géopolitique » [page 75]. Le G20, fruit de la crise économique mondiale de 2008 et de la violente période de déclassement subie par l’Europe et des Etats-Unis, est l’une des conséquences évidentes des bouleversements opérés dans l’ordre géopolitique et économique mondial depuis le début des années 2000. C’est sans doute « l’organe de la gouvernance mondiale le plus révélateur du basculement du monde » [page 79]. Les puissances émergentes possèdent également une vision commune des relations internationales, souvent en opposition ou concurrentes aux valeurs occidentales. Que ce soit le Brésil, la Russie l’Inde ou la Chine – les BRIC (7) –, tous prônent la souveraineté étatique et le rejet de l’ingérence. Notons au passage que l’émergence a souvent pour moteur « la revanche sur un passé douloureux » en référence à la colonisation (l’Inde par exemple), de façon plus générale à la domination occidentale (l’auteur dresse un tableau remarquable des humiliations subies par la Chine depuis la Première Guerre de l’Opium en 1839-1842) ou bien à une perte d’influence (la Russie après la chute de l’URSS). Ces principes nouveaux tendent à remettre en cause l’hégémonie occidentale et principalement américaine, ainsi que des valeurs faisant par exemple des droits de l’homme le fondement universel de l’action politique. Cela se retrouve notamment dans l’attitude « horizontale » proposée par les pays émergents aux pays en développement (PED) et aux pays les moins avancés (PMA). Toutefois, pour les pays africains en particulier, bien que cette démarche puisse les aider à s’amarrer à la mondialisation, elle peut aussi faire naitre de grandes tensions sociales et de lourds questionnements (8).
A la lecture du livre de Sylvia Delannoy, on réalise toute l’ambiguïté et la complexité du phénomène de l’émergence. On ne sait pas bien si nous voyons se développer une nouvelle mondialisation, guidée par des principes certes libéraux mais tout de même affranchis des préceptes du consensus de Washington. Des paradigmes concurrents commencent à émerger : le consensus de São Paulo ou le consensus de Pékin, qui revisite la place et le rôle de l’Etat. Ce dernier est perçu comme un acteur clé, capable soit de donner une impulsion à l’activité économique, soit de piloter lui-même les agents économiques afin de construire un plan de développement. Assiste-t-on plutôt à une occidentalisation des puissances émergentes ? Celles-ci restent finalement dépendantes des débouchés commerciaux et des investissements de l’Europe et des Etats-Unis. Elles sont également touchées par le soft power américain, tant dans le mode de vie que dans l’usage de l’anglais comme langue universelle.
Est-ce alors « la capacité d’intégration à la mondialisation qui caractérise le mieux l’émergence » [page 37] ? La globalisation, en effet, a donné aux pays émergents l’occasion de faire valoir leurs atouts et de venir bousculer les grands pays développés. Toutefois, depuis l’effondrement du bloc soviétique et depuis que la montée des pays émergents accélère l’apparition d’un monde multipolaire, on constate la montée en puissance d’un duopole Chine / Etats-Unis – ce que nous appelons le G2 (9) –, qui laisse à penser que nous sommes passés d’une bipolarité à une autre, même si elle n’est que transitoire.
Source : site de la fondation Res Publica
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