En vous basant sur le document et de vos connaissances
personnelles, rédigez un exposé de 10 min sur le sujet suivant :
Quelle place de l’Afrique dans l’architecture
internationale ?
L’Afrique, incluse dans le système mondial, se situe à
sa périphérie, mais c’est aussi en comprenant les dynamiques des marges que
l’on comprend les pulsations et les mutations du système-monde et que l’on peut
éviter une vision occidentalo-centrée.
Le monde tend à devenir, à la fois, multipolaire au
niveau des grandes puissances
politiques, transnational au niveau des oligopoles économiques et des réseaux
et infranational du fait des replis
locaux et identitaires. Les pouvoirs économiques se déploient dans des espaces
mondiaux, alors que les pouvoirs politiques s’exercent avec difficultés dans
des cadres nationaux
L’Afrique n’est ni au cœur des économies-monde ni une charnière
entre l’Occident et l’Orient comme l’est le Moyen-Orient. Elle a longtemps joué
un rôle de réservoir d’hommes et de
richesses pour les économies conquérantes proches et a été perçue comme « terrae incognitae »
par les Européens jusqu’à la traite
atlantique, exception faite des royaumes nubiens et éthiopiens et des relations
commerciales transsahariennes ou orientales. Les colonisateurs l’ont traité, à
la limite, comme un « res nullius », territoire vide qu’ils se sont
partagé en fonction de leurs intérêts.
106
L’Afrique
L’Afrique
a subi les conquêtes arabes notamment omanaises, portugaises, hollandaises, britanniques, françaises, allemandes, espagnoles,
italiennes mais n’a pas été conquérante à l’extérieur. Les apports extérieurs
ont été réinterprétés par les Africains. Les sociétés «faibles» ont utilisé
leurs ressources et leurs armes pour
subvertir, ruser ou innover.
Lors
des indépendances, les États seuls sujets reconnus du droit international ont émergé comme acteurs au sein
de l’architecture internationale tout en ayant une place subordonnée. L’Afrique
a intégré les grandes organisations internationales des Nations unies et les agences onusiennes. Elle pèse peu
au FMI ou à la Banque mondiale (où les voix dépendent des quotes-parts à la
limite un dollar = une voix) et davantage à l’Assemblée des Nations unies ou à
l’OMC (un État = une voix). Le système-monde est de moins en moins en phase
avec l’architecture internationale fondée sur une conception réaliste d’États souverains. Son histoire s’écrit non plus par
le seul Occident mais par les pays émergents avec basculement de la richesse,
de la puissance et du poids démographique.
Dans
un monde d’interdépendance asymétrique, les ressources mobilisées pour exercer
une influence sont devenues multiples. Les instruments du hard power (conflits par guerre
directe ou par procuration, puissances politiques et économiques) s’accompagnent du soft power
(pouvoir normatif, culturel, diplomatie d’influence,
langue). L’Afrique est particulièrement concernée
par ces transformations. Les frontières territoriales et les États-nations sont
transgressés notamment par les réseaux des armes ou de diasporas.
Le
découplage relatif Nord/Sud s’accompagne d’un couplage croissant Sud/Sud avec
incertitude sur la profondeur de cette rupture.
107
L’Afrique, qui représente un quart des voix
aux Nations unies, dont les États sont des alliés possibles pour les grandes puissances
et qui fait l’objet de convoitises pour ses ressources tend à distendre les
liens avec les anciennes puissances coloniales et à accroître ses marges de
manœuvre. Les pouvoirs africains savent aujourd’hui jouer des conflits
d’intérêts entre les puissances occidentales et asiatiques, comme ils ont su
jouer de la guerre froide. On a
constaté en revanche, depuis le début du 21e
siècle, un reclassement géopolitique.
Les raisons en sont multiples: sécurité, accessibilité aux ressources du sous-sol
(minéraux et hydrocarbures) et du sol (terres arables, forêts), rôle de la
biodiversité, jeux d’alliance dans les organisations internationales (un quart
des voix aux Nations unies). Son poids démographique, ses ressources
naturelles, voire ses perspectives de croissance, font de l’Afrique un acteur
croissant au niveau mondial.
En vous basant sur le document et de vos connaissances
personnelles, rédigez un exposé de 10 min sur le sujet suivant :
Quels sont les enjeux géopolitiques de l’Afrique pour
les grandes puissances ?
Les
puissances régionales et internationales, les États et les armes sont dans des
jeux de rivalités, de coopération et d’alliances. Certaines puissances comme la
France ou la Chine ont une visibilité
forte alors qu’Israël, les pays du Golfe ou l’Iran agissent par les services de
renseignement notamment militaires, par le champ religieux pour les puissances
sunnites et chiites ou par les réseaux
(libanais, diasporas indiennes). Les grands réseaux et diasporas africains sont
mondialisés.
Les
anciennes puissances coloniales continuent d’avoir une influence dominante par
le commerce et les investissements, par le droit, parfois la monnaie (cas de la
zone franc) ou par le rôle des diasporas. Il y a également dilution de leur influence
au sein de l’UE.
L’Europe
est, plus que les autres continents, directement concernée par l’histoire coloniale,
les interdépendances, les défis communs (réfugiés, conflits), la géographie (le
continent
est
à 14km de l’Europe du Sud) et les opportunités. Sa position de quasi-monopole
est toutefois fortement remise en question. L’Afrique est largement sortie de
relations postcoloniales pour s’insérer
dans un pluripartenariat
Les
États-Unis et surtout les puissances «émergentes» d’Asie et d’Amérique latine
sont devenus des acteurs stratégiques. Les pays africains sont caractérisés par
de nouveaux partages des zones de présence, d’influence entre les pays
occidentaux, les puissances pétrolières du monde chiite et sunnite et les
puissances émergentes notamment asiatiques. La moitié des relations économique
se fait aujourd’hui avec les pays du Sud notamment les BRIC. Les nouvelles
puissances présentes en Afrique ne font que réactualiser des relations
anciennes. En Afrique australe, les communautés marchandes indiennes réactivent
le commerce d’Insulinde. La circulation des hommes, des biens et des
informations se réalise entre les côtes de l’Afrique orientale et la péninsule
arabique vivifiée par les transports aériens et les télécommunications (cf.
Dubaï street à Zanzibar). Les migrants d’Afrique de l’Ouest sont insérés dans
des réseaux migratoires européens. Le prosélytisme mouride au Sénégal a ainsi
de nombreux contacts avec l’Amérique du Nord. Les réseaux Ibos du Nigeria
contrôlent largement le trafic de la drogue à New York. Si les cartels
latino-américains (narcos) sont de plus en plus présents en Afrique, les
réseaux africains sont devenus très actifs dans le commerce de cocaïne
d’Amé-rique du Sud vers l’Europe et d’héroïne asiatique à destination de l’Amérique
du Nord (Guinée Bissau, Sahara). Des liens existent entre ces réseaux et les
milices djihadistes dans l’arc sahélo-saharien (cas d’Ansar-Dine ou du Mujao au
Mali).Les diasporas indo-pakistanaises (plus de 2 millions en Afrique orientale
et australe), chinoises, libanaises (400 000 à 500 000 en Afrique de
l’Ouest) jouent également un rôle déterminant. Elles participent d’un espace
transnational. Elles ont un poids économique important en Afrique tout en étant
reliées à leur terre d’origine (même système d’information, participa-tion aux mêmes fêtes religieuses, transferts, voire financement
de forces politiques…). Elles participent à l’économie officielle et parfois à
certains circuits parallèles (trafics divers). Les dias-poras libanaises sont
ainsi très présentes en Afrique de l’Ouest dans le champ économique et de
manière moins visible dans le champ politique.Les réseaux multiples qui
connectent l’Afrique au monde ont leur propre autonomie. Ils peuvent servir
également d’instruments moins visibles des intérêts de puissances (fonds privés
saoudiens, ONG qataries, églises évangéliques, diasporas, etc.)
Extrait de « L’AFRIQUE :
Défis, enjeux et perspectives en 40 fiches pour comprendre l’actualité » Philippe
Hugon
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personnelles, rédigez un exposé de 10 min sur le sujet suivant :
Quel rôle jouent en Afrique les puissances émergentes ?
L’Afrique se mondialise en diversifiant
ses partenaires alors que les puissances émergentes intègrent l’Afrique dans
leur insertion mondiale. La Chinafrique a modifié la donne par l’extension
rapide et importante de sa présence en Afrique. En 2016, la Chine pèse pour
environ 10% des relations commerciales et des investissements de l’Afrique. Ces
relations commerciales sont ainsi passées de 10 milliards de dollars US en 2000
à plus de 200 milliards en 2015. Les relations bilatérales et moins
multilatérales se font sous forme de «package deal»: un accès aux ressources
naturelles moyennant une contrepartie, généralement la construction ou la
restauration d’infrastructures. La présence chinoise est focalisée sur les pays
dotés de ressources du sous-sol et/ou disposant de marchés intérieurs
développés. Les principaux chantiers de la Chine en Afrique se trouvent ainsi
en Algérie (bâtiments), au Nigeria (raffineries), en RDC (infrastructures), en
Angola (pétrole offshore) et en Afrique du Sud (banques, rôle du marché, de la
démocratie). Une influence plus durable s’exerce également par le soft power:
avec les centres Confucius, la formation des Africains en Chine, la mise en
place de dispositifs de recherche, l’aide liée avec absence de conditionnalités
politiques hormis la non reconnaissance de Taïwan. Le «consensus de Beijing»
mettant en avant le rôle de l’État et de la souveraineté nationale s’oppose, en
Afrique, au «consensus de Washington» définissant des «bonnes» politiques
(marchés, ouverture, «gouvernance»). D’autres puissances «émergentes» jouent un
rôle important, notamment le Maroc et la Turquie. En Asie, l’Inde et le Japon,
la Corée du Sud, l’Indonésie et la Malaisie, sont des partenaires croissants.
L’Inde est présente par ses grandes firmes telle Tata première multinationale
en Afrique, et dans le secteur informatique ou les services; elle se focalise
sur l’Afrique orientale, l’Afrique du Sud et l’Océan indien. En Amérique
latine, le Brésil est très présent (mines, agro-alimentaire) plus spécialement
dans les pays lusophones. Les puissances industrielles émergentes ont permis de
peser à la baisse sur les prix des produits manufacturés et les services
importés. Elles ont favorisé des hausses de prix des produits primaires et
facilité l’accès aux financements. Mais elles limitent les remontées en gammes
de produits et la transformation des matières premières. Frédéric List disait
que les pays industrialisés retiraient l’échelle des nouveaux pays visant à les
rattraper. Aujourd’hui, les grandes puissances émergentes cassent les barreaux
de l’échelle en combinant des bas salaires, des hauts niveaux technologiques,
des marchés intérieurs permettant des économies d’échelle et des appuis des
États. Les pays pétroliers du monde arabe, du Proche et Moyen Orient jouent un
rôle croissant au sein de l’«Afrique musulmane ». L’Afrique sahélienne et
orientale a été depuis des siècles en relation avec le Maghreb et le Proche et
le Moyen Orient par le commerce transsaharien et caravanier, par les traites
esclavagistes et l’expansion de l’islam. Les connectivités transsahariennes ont
résulté des réseaux faits de mobilités transfrontalières
entre des régions très fragiles. Il y a eu ensuite victoire de la caravelle sur
la caravane. Le Sahara et le Sahel sont devenus plus tard des lieux importants
de filières migratoires et de trafics. La présence des puissances pétrolières
résulte d’un prosélytisme religieux et des capacités financières liées aux
hydrocarbures. Ces nouveaux partenaires renforcent des relations Sud/Sud et
donnent plus de marges de manœuvre aux États africains. À défaut de transferts
de technologies, de formation des cadres, d’emploi massif de travailleurs
africains et d’utilisation de sous-traitants, les pays africains restent
spécialisés dans des produits primaires ; ils subissent la concurrence des
biens et services et ont du mal à réaliser des remontées en gammes de produits.
Les relations avec l’Asie, et notamment avec la Chine, d’un continent traditionnellement
tourné vers l’Europe ont modifié la donne stratégique et les zones d’influence;
elles ont dopé la croissance tout en présentant des risques de «reprima-risation»,
voire de recolonisation de l’économie (achat de terres, contrôle des ressources).
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personnelles, rédigez un exposé de 10 min sur le sujet suivant :
Quelles sont les puissances africaines capables de
prendre le leadership en Afrique ?
La puissance a deux dimensions. La
puissance militaire passe par les forces armées nationales, les contributions
aux forces régionales et multilatérales et les services de renseignement. Les
puissances militaires africaines sont en Afrique du Nord – Algérie, Égypte,
Maroc – et en Afrique subsaharienne – Afrique du Sud, Angola, Nigeria. Ces six
pays représentent plus des trois quarts des dépenses militaires continentales,
et disposent d’armées relativement bien équipées et organisées. La puissance
politique résulte des influences politiques au sein des organisations
régionales et de l’Union africaine (UA). Elle est liée à la diplomatie plus ou
moins souterraine, aux réseaux d’influence noués dans des conflits ou des
amitiés au sein des organisations internationales. Les indicateurs de puissance
diplomatique passent par le nombre de représentations diplomatiques. La langue,
les technologies de l’information et de la communication sont également des
indicateurs d’influence ou de domination culturelle.
Le PIB n’est qu’un indicateur imparfait
de la puissance économique. Le Nigeria n’est ainsi devenu le premier pays d’Afrique
que par un changement de convention. Au-delà de certains faits stylisés en
termes d’économies de rente et de forte dépendance économique, le curseur de la
puissance économique va des sociétés assistées, prises dans des trappes à
pauvreté et à conflits, à des sociétés connaissant une diversification économique
et capables d’imposer des conditions dans les négociations internationales et
vis-à-vis de leurs partenaires. Les
leaderships africains s’exercent principalement au niveau régional: Nigeria au
sein de l’Afrique de l’Ouest, Éthiopie au sein de l’Afrique orientale, Afrique
du Sud en Afrique australe, Angola en Afrique centrale et Maroc en Afrique
occidentale. L’Afrique du Sud reste la puissance régionale dominante et
pourrait obtenir éventuellement un poste de membre permanent au Conseil de
sécurité des Nations unies. Elle est une puissance militaire et économique qui
a le leadership en Afrique australe. Elle pèse également de par son rôle au
sein de l’UA, mais elle fait face à de sérieux problèmes économiques, sociaux
et politiques. De plus, elle est en déclin démographique. À l’échelle
continentale, son ambition se heurte à l’Égypte ou au Nigeria. Pour leur part,
l’Algérie et le Maroc sont en rivalité au sein de l’Union du Maghreb arabe
(UMA). Par ses relations transsahariennes privilégiées, le royaume chérifien
exerce néanmoins une influence sur les pays d’Afrique occidentale, notamment
sahéliens. Les États-Unis et surtout les puissances «émergentes» d’Asie et
d’Amérique latine sont devenus des acteurs stratégiques.
Extrait de « L’AFRIQUE :
Défis, enjeux et perspectives en 40 fiches pour comprendre l’actualité » Philippe
Hugon
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personnelles, rédigez un exposé de 10 min sur le sujet suivant :
Développement en Afrique : Vers un nouveau modèle
de développement ?
La majorité des sociétés africaines ont de grandes difficultés à mettre en
place des stratégies de développement de long terme:
• assurant la transformation
d’économies de rente en économies de production, diversifiée, créatrice de
richesses et d’emplois;
•
permettant la construction d’avantages compétitifs sur le marché mondial;
• générant des ressources publiques
nécessaires aux fonctions régaliennes de l’État, aux infrastructures et aux
dépenses sociales. Les États africains sont débordés par des frontières
poreuses.
L’assiette fiscale interne est limitée. Les leçons des expériences montrent
que ce processus dépend d’une combinaison entre un État remplissant ses
fonctions régaliennes et assurant ses services publics, des entreprises de différentes
tailles et de diverses nationalités prenant le risque de l’investissement
productif et une société civile qui monte en puissance. Les processus réussis
partent des activités les plus utilisatrices de travail pour réaliser des
montées en gamme et des ouvertures extérieures favorisant une dynamique interne
et des innovations techniques et sociales.
Les modèles de développement ne peuvent être toutefois copiés. Ils sont à
inventer et à construire différemment selon les sociétés. Ils résultent
d’acteurs privés et collectifs (partis, associations, syndicats, communautés et
collectivités, États) intégrant les contextes internes et internationaux. Le
développement économique africain ne peut être traité en termes de retard ou de
convergence vis-à-vis des pays avancés. Le modèle consumériste, énergivore,
carboné et producteur de déchets des pays industriels et émergents n’est pas,
en tout état de cause, supportable par la planète. En revanche, les sociétés
africaines peuvent s’approprier de nombreux progrès scientifiques et techniques
réalisés par les pays riches pour construire leur modernité selon des
trajectoires plurielles. Le développement n’est pas pour autant un imaginaire
occidental et le débat sur la décroissance est un luxe pour les riches. Le
développement, lié aux changements de structures dans le long terme, n’est pas
la croissance mais il ne peut exister sans création de valeur ajoutée répondant
aux besoins du plus grand nombre. En deçà d’un seuil, le «bien-être matériel »
est un facteur de bien-être de la personne et, au-delà, il peut être source de
mal-être. Le principal défi est celui de l’insertion des jeunes ruraux et
urbains dans des activités licites rémunérées; les autres défis sont
environnementaux notamment climatiques, sécuritaires, démographiques. Les
modèles à construire par des acteurs innovants supposent des acteurs publics
(nationaux, régionaux ou locaux) et des États «pépiniéristes». Ceux-ci doivent
permettre «aux jeunes pousses» de se développer avec un foisonnement ordonné et
régulé, grâce à la mise en place de systèmes de formation, de financement,
d’organisations, d’associations, constitutives d’écosystèmes et
d’interdépendances au sein de territoires. Les petits producteurs en zones
urbaines (secteur «informel», TPME) et rurales (agriculteurs familiaux,
paysans, intermédiaires) doivent pouvoir bénéficier des révolutions techniques
et sociales (économies numérique, verte, circulaire, sociale). Les nouvelles
technologies, à coût décroissant, et les nouveaux savoirs scientifiques et
techniques sont des opportunités pour réaliser ces «révolutions par le bas» en
termes d’innovations, de transition énergétique et de liens sociaux (travaux à
haute intensité de main d’œuvre, petite mécanisation, écosystèmes productifs).
Mais il s’agit de tirer les leçons du passé tout en sachant que l’histoire ne
se répète pas et que de nouveaux défis surgissent. Les aides extérieures
peuvent exercer des effets de levier, à la condition de ne pas se limiter à
l’État et aux grandes entreprises. Les appuis financiers des fonds verts
risquent, ainsi, de constituer des rentes perçues par les États, au lieu de
favoriser les myriades de micro-projets allant de l’agroforesterie à l’énergie
solaire, en passant par l’irrigation ou les semences adaptées aux aléas
climatiques. Les grandes unités productives doivent s’intégrer dans le tissu
économique et social.
Bien entendu, ces modèles spécifiques à des contextes différenciés,
supposent des réformes macro-économiques conduisant à une fiscalité réductrice
des inégalités et à une croissance économique inclusive et soutenable.
Extrait de « L’AFRIQUE :
Défis, enjeux et perspectives en 40 fiches pour comprendre l’actualité » Philippe
Hugon
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personnelles, rédigez un exposé de 10 min sur le sujet suivant :
Comment favoriser l’Etat de droit et la démocratie en Afrique ?
La reconnaissance des droits demeure
une priorité. Elle concerne les minorités ethniques, religieuses, sociales, les
jeunes, les femmes. L’éducation des filles, l’interdiction des mutilations
sexuelles et du mariage forcé, le droit au contrôle de la fécondité sont des
combats portés par des actions collectives et des choix politiques et jamais
gagnés, face aux pouvoirs souvent machistes légitimant leurs pratiques par des
spécificités culturelles. L’État de droit permet de respecter les droits et le
droit grâce à une justice indépendante qui lutte contre le népotisme et la
corruption. Il suppose à la fois de prendre en compte la pluralité des droits (coutumiers,
coloniaux, islamiques, post indépendances) et la nécessité d’un cadre normatif
permettant la transparence, la justiciabilité et la sécurité judiciaire par
l’indépendance de la justice vis-à-vis du pouvoir politique. En revanche, les
normes plurielles ont des légitimités liées au niveau de développement et aux
ancrages socio-historiques. Les droits d’appropriation et d’usage de la terre
(les communs) dépendent de communautés, d’ancêtres et de descendants, et ne
sont des droits de propriété ni privée ni publique. La débrouille contourne et
brouille les normes et peut conduire parfois à la petite ou à la grande
corruption. Les pays africains ont hérité de deux grands régimes juridiques la « common
law » anglo-saxonne donnant plus de poids à la justice et à la
jurisprudence et le droit germano romain privilégiant les codes et les lois.
L’Ohada, regroupant dix-sept États dont quinze francophones, a ainsi mis en
place un droit des affaires créant un cadre régional sécurisé pour les affaires
dans le cadre de ce référent juridique. Certaines positions relativistes
considèrent que la démocratie n’est pas une priorité, face au
sous-développement économique. En revanche, Amartya Sen a montré que les
démocraties ne connaissaient pas de famines. La jeunesse est porteuse de ces
aspirations contre les régimes autocratiques et les présidents à vie. Les
enquêtes montrent (Afrobarometer 2011-2012) que 71 % des Africains enquêtés
estiment que la démocratie est préférable à toute autre forme de gouvernement.
La chute du mur de Berlin avait changé la donne politique en supprimant les
rivalités politiques entre le monde occidental et le communisme qui justifiaient
des États forts et des partis uniques. Les Conférences nationales avaient
enclenché un processus de démocratisation; les urnes avaient officiellement
pris le pas sur les armes. En réalité, la démocratie n’est pas réductible aux
élections et au multipartisme. Les pouvoirs politiques sont restés
personnalisés et peu institutionnalisés; dans de nombreux cas, des anciens
militaires sont devenus «présidents à vie». Les «coups d’États constitutionnels»
(Burkina Faso, Burundi, Congo Brazzaville, RDC, Togo) ont conduit à des
violences, à des contestations des partis, à des mouvements de rue, voire à des
«coups d’États militaires». L’insécurité des biens et des personnes,
notamment du fait de la montée du terrorisme, a conduit à légitimer à nouveau
des pouvoirs forts. Des progrès de la démocratie existent toutefois, même s’ils
sont imparfaits et si la démocratie fixant des règles doit être différenciée du
processus de démocratisation liée au jeu de contre-pouvoirs institutionnalisés.
La démocratie élective peut refléter des pratiques néopatrimoniales et
clientélistes des pouvoirs et Comment favoriser l’État de droit et la
démocratie? Conduire à de violentes
crises liées aux fraudes. Certains parlent de démocrature combinaison de
démocratie et de dictature, d’anocratie ou de démocratie molle, caractérisées
au-delà des règles formelles par l’absence des droits de l’homme, des polyarchies
et une grande instabilité politique. De nombreux jeunes veulent des changements
sur le modèle initial des «printemps arabes». Les situations sont toutefois
contrastées et n’impliquent pas un essoufflement démocratique. Certains États
connaissent une séparation des pouvoirs exécutif, législatif, judiciaire et
informatif. Tel est le cas de l’Afrique du Sud ou de l’île Maurice. Mais la
séparation des pouvoirs politiques, économiques, sociaux et culturels est
majoritairement imparfaite. Le pouvoir politique appartient souvent à une
ethnie minoritaire qui bénéficie du contrôle des rentes d’intermédiation avec
l’extérieur (les Tékés au Gabon, par exemple) et achète les opposants. Certains
groupes comme les Peuls de Guinée, disposant du commerce et du pouvoir
religieux, ou les Bamilékés de l’Ouest du Cameroun, au cœur des dynamiques
entrepreneuriales et financières, sont exclus du pouvoir politique. En Guinée,
les Malinkés contrôlent les ressources agricoles et minières dans la zone
maritime. Les élections présidentielles ne sont, alors, que des théâtres
d’ombres de silhouettes visibles manipulées en coulisse et masquant les
rapports de pouvoirs.
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personnelles, rédigez un exposé de 10 min sur le sujet suivant :
Quel Rôle peut jouer l’intégration régionale en Afrique ?
L’Afrique a hérité de « poussières d’États »
(Barthélemy Boganda premier président de la Centrafrique) et de micromarchés
interdisant ou réduisant la possibilité de projets de tailles suffisantes. L’intégration
africaine est une nécessité aux yeux de la plupart des responsables politiques,
des intellectuels africains ou même des populations. L’Afrique a été «balkanisée»
à l’époque coloniale et, surtout, postcoloniale. À l’heure actuelle, la
rhétorique sur l’intégration économique et politique l’emporte cependant
souvent sur la réalité. Le régionalisme de jure, porté par plus de deux cents
organisations régionales, diffère de la régionalisation de facto portée par des
acteurs et des projets, et créant des interdépendances entre économies
nationales. L’intégration doit être économique. Les relations commerciales et financières
intra-africaines comptent pour environ 12% du total des échanges du continent –sauf
en Afrique australe et orientale–, alors qu’elles sont supérieures à 65% en
Asie orientale ou en Europe. Les priorités nationales l’emportent sur la
construction de marchés régionaux organisés. Les deux cents organisations
régionales «d’en haut» sont, pour l’essentiel, des sinécures pour les
politiques et les fonctionnaires. Les pratiques des «acteurs du bas» traversant
des frontières poreuses, saisissent des opportunités, sans créer
d’interconnexions durables. Or seul un espace régional caractérisé par des
politiques communes (pays frontières de Alpha Konaré) est à même de créer des
marchés régulés et de favoriser une intégration positive dans l’économie
mondiale. Les opportunités créées par le droit (Ohada, par exemple) ou la
monnaie (la zone franc, par exemple) ne sont pas suffisantes pour favoriser
l’intégration régionale si elles ne sont pas accompagnées par: • des projets de dimension régionale portés par
les entreprenants ou des entrepreneurs; •
des politiques de transferts conduisant les « locomotives » ou les pôles
bénéficiaires de l’intégration à accueillir les migrants, de réaliser des
transferts ou de mettre en œuvre des projets communs avec les périphéries moins
bénéficiaires (exemple des pays enclavés). L’intégration doit être également
politique. La transformation de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) en
Union africaine (UA) a permis des avancées. L’UA et les cinq organisations
régionales qui en dépendent24 fédèrent autour d’une rhétorique unitaire fondée
sur un discours anticolonial. Mais, elle reste un «syndicat de chefs d’État»
où s’expriment les rapports de force entre des pays aux intérêts divergents. Le
Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad) permet toutefois
de mettre en œuvre des projets communs, notamment dans le domaine des
infrastructures. Il a également permis la mise en place d’un examen de bonne
gouvernance entre partenaires. Certaines zones d’intégration se renforcent,
notamment la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), grâce à
la puissance régionale que constitue l’Afrique du Sud. C’est également le cas
de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), qui profite du poids du Kenya. En
revanche, l’intégration régionale ne progresse pas, voire régresse, au sein de l’Union du Maghreb (UMA) et de la Communauté
économique des États d’Afrique centrale (CEEAC). Les progrès sont également
mitigés au sein de la Communauté économique de développement des États
d’Afrique occidentale (CEDEAO), avec le maintien d’une rivalité entre la
puissance nigériane et les pays de l’Union économique et monétaire
ouest-africaine (UEMOA). La priorité pour beaucoup d’États reste le
renforcement de leur intégration interne, le contrôle de leurs frontières face
à des voisins souvent prédateurs –citons encore la Centrafrique et la RDC. Enfin,
malgré les forces africaines en attente, les armées régionales ont une efficience
limitée et sont généralement financées, encadrées, formées et mises en avant
par l’Union européenne (UE) ou la France.
Extrait de « L’AFRIQUE :
Défis, enjeux et perspectives en 40 fiches pour comprendre l’actualité » Philippe
Hugon
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personnelles, rédigez un exposé de 10 min sur le sujet suivant :
L’aide publique au développement est-elle une réponse
adaptée aux besoins de l’Afrique ?
La conception verticale de l’aide interétatique doit aujourd’hui céder la
place à de multi-partenariats et à des coopérations plus horizontales
mobilisant des acteurs pluriels, publics, privés et associatifs. L’aide
publique au développement répond à différents mobiles souvent contradictoires:
• humanitaires (lutte contre la pauvreté
et aide d’urgence);
•
utilitaristes (accès aux ressources naturelles, présence sur des marchés
protégés);
•
géostratégiques (sécurité, prévention des conflits, lutte contre le
terrorisme, gestion des risques migratoires ou épidémiologiques, recherche de
voix dans les décisions internationales, logique de puissances, stratégies de
présence vis-à-vis de concurrents);
• culturels (défense de la langue et
de la culture, capital de sympathie);
• symboliques (culpabilité postcoloniale,
fardeau de l’homme blanc);
• redistributifs (réduire les
asymétries internationales et les divergences de trajectoires);
• développementalistes (rôle de
catalyseur ou de levier pour mobiliser des capitaux, assurance contre les
risques, soutien de l’État de droit et du climat des affaires).
L’aide à l’Afrique a perdu de son importance comparée aux flux privés que
ce soit les investissements directs étrangers (IDE), les transferts des
diasporas, les fondations ou les private equity (entrée au capital de sociétés
par la micro-finance, le capital développement, les fonds de pension, etc.). Le
respect du 0,7% du PIB affecté à l’aide augmenterait les financements en
Afrique de 170 milliards de dollars. L’aide publique au développement (APD)
joue un rôle essentiel dans les pays à faible revenus, où elle représente trois
quarts des apports financiers contre 30% pour les IDE et 10% pour les
transferts des migrants. Dans un contexte de financiarisation des économies
génératrice d’exclusions sociales et territoriales, seuls des fonds publics ou
des partenariats privés/publics peuvent financer des projets de développement
dans les zones les plus fragiles, celles où les populations sont prises dans
des trappes à vulnérabilité. Compte tenu de l’insuffisance des flux privés des
pays vulnérables, l’APD peut jouer un rôle de catalyseur vis-à-vis des autres financements.
Elle permet de:
• lever la contrainte financière
extérieure et d’apporter un ballon d’oxygène;
• de compenser les déficits
d’épargne, de compétences et de technologies;
• d’apporter des financements
sécurisés du fait du faible accès des pays risqués aux flux privés;
• de réduire des handicaps
structurels. Elle se heurte, en revanche, aux faibles capacités d’absorption:
• elle est souvent détournée de ses fins
et a des effets multiplicateurs limités (pour cent flux d’entrée, il en ressort
immédiatement soixante);
• elle crée également des effets
pervers: biais en faveur des projets capitalistiques, charges récurrentes;
• elle manque de légitimité compte
tenu du gaspillage des fonds utilisés et de leur forte évaporation.
• elle suppose un contrôle
démocratique souvent inexistant quant à son affectation et constitue souvent un
système patrimonial où quelques privilégiés bénéficient de rentes de situation.
Les mises sous perfusion permanentes se substituent aux transfusions
temporaires. Ces arguments renforcent le cartiérisme et l’égoïsme des pays
riches. L’aide peut jouer un rôle de catalyseur, exercer un effet de levier
mais elle ne se substitue pas aux dynamiques endogènes. Elle n’est efficace que
si elle accompagne des dynamiques internes répondant à des stratégies globales
de développement. Elle suppose de mettre en relations une pluralité d’acteurs :
des représentants, des chercheurs, des acteurs du terrain jusqu’aux
responsables d’agence; des acteurs nationaux aux acteurs étrangers en passant
par les diasporas. Elle devrait idéalement être affectée dans les zones les
plus vulnérables, où les défis à relever sont les plus grands et qui sont
délaissées par les flux financiers privés. Cette réorientation de l’aide vers
les zones marginalisées doit s’appuyer sur des projets venant des acteurs du
bas et des dynamiques endogènes et éviter les apports financiers conduisant à
des rentes captées par les pouvoirs.
Extrait de « L’AFRIQUE :
Défis, enjeux et perspectives en 40 fiches pour comprendre l’actualité » Philippe
Hugon
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