jeudi 30 janvier 2020

le projet OBOR, outil d'influence de la Chine ?





LES ROUTES DE LA SOIE, OUTIL D’INFLUENCE DE LA CHINE ?


Dès son arrivée au pouvoir en 2013, le président chinois Xi Jinping s’affirme comme l’homme qui réactive le « rêve chinois ». Il évoque dès lors son projet de reconstruction des routes de la soie, routes antiques reliant la Chine à l’Europe, et principales vectrices de la culture chinoise dans le monde. Son idée est très ambitieuse : relier l’Est de la Chine à l’Europe en passant par l’Asie centrale, la Russie, et la corne de l’Afrique, à travers deux routes maritime et terrestres. La Chine voit grand : près de 1000 Mds de dollars d’investissement dans des projets autoroutiers, énergétiques, ferroviaires et portuaires. Ce projet s’inscrit dans la « renaissance chinoise » voulue par Xi Jinping. Il permet à la Chine de remplir le vide laissé par Donald Trump, qui, en janvier, a signé l’acte de retrait des Etats-Unis du Partenariat transpacifique. Une aubaine pour Xi Jinping, bien décidé à s’affirmer comme seconde puissance économique mondiale, qui a désormais le champ libre pour se poser en dirigeant d’un nouvel ordre économique…


Les ambitions géopolitiques et diplomatiques de ce projet (Carla)

            Ce projet, avant tout commercial, permettant l’intégration économique des régions les moins intégrés, est également stratégique.
Par la construction de chemin de fer (ex : en Afrique au Kenya), de bases militaires (Djibouti), ajoutés aux travaux maritimes à travers l’Asie, l’Europe et l’Afrique, la Chine s’assure une présence commerciale et militaire sur les trois continents.
Le développement de la marine chinoise est également en jeu, à travers la stratégie du « collier de perles » qui consiste en l’acquisition de points d’appui le long de la route maritime : construction et acquisition de ports (le Pirée en Grèce) et de bases militaires pour sécuriser le transport des marchandises, très sujet à la piraterie.
Ce projet, bien qu’approuvé par de nombreux pays, ne fait pas l’unanimité : il représente un danger pour l’Inde, concurrente commerciale de la Chine, qui se rapproche peu à peu du Japon, avec lequel elle a signé des accords commerciaux. 
La Chine, pour faire contrepoids aux Etats Unis, est décidée à constituer un bloc eurasiatique commercial. Bien qu’elle réfute cette hypothèse, la stratégie mise en place par la Chine est à rapprocher de celle utilisée lors de la colonisation occidental : construction de ports et de liaisons ferroviaires dans les zones stratégiques, peu développées, ou bien isolées, dans le but de prendre le contrôle.
            Xi Jinping, en organisant un projet mondial, véhicule l’image d’une gouvernance bienveillante. Depuis le forum de Davos en janvier, il s’est montré en chantre de la mondialisation, profitant de l’élection de Donald Trump et du relatif recours à l‘isolationnisme américain pour prendre les devants.
Son objectif est la réunion des pays, autour d’un projet commun qui soit favorable à tous, quelque soient leur ethnicité, leur religion, leur culture.
Le sommet de mai 2017, dans lequel le président chinois a présenté son projet, a réuni une trentaine de chefs d’états et plus de cent pays représentés. Finalement, 68 pays sont engagés dans le projet, comprenant 4,4 milliards d’habitants et représentant jusqu’à 50 % du PIB mondial.
            Malgré tout et comme toujours, l’image bienveillante et ouverte renvoyée par la Chine est à nuancer. En effet, la population civile est soumise à une forte propagande vantant l’ambition du parti communiste et présentant la Chine comme la puissance mondiale du futur (exemple : mise en place d‘émissions faisant l’éloge du PC passées en continu dans les entreprises d’état et sur toutes les chaînes). De plus, l’image mondialisée exhortée est relative : la Chine reste protectionniste (son marché est difficile d’accès pour les entreprises étrangères, et des sanctions sont souvent appliquées aux pays ne se pliant pas aux conditions chinoises).


Des logiques économiques terrestres et maritimes (Clara T)

Les logiques économiques sont les avantages économiques, commerciaux, que les nouvelles routes de la soie apportent sur plusieurs territoires. Les nouvelles routes de la soie sont en réalité deux routes principales : une terrestre qui traverse l’Asie centrale, remonte par la Turquie jusqu’a Moscou pour s’achever à Venise, et une route maritime qui part de Venise, passant par l’Afrique et s’achevant en Asie. Ainsi, il est intéressant de savoir comment les nouvelles routes de la soie arrivent à engendrer des bénéfices économiques à plusieurs échelles.

Tout d’abord, au niveau mondial, les nouvelles routes de la soie ne concernent pas directement tous les continents puisque le continent américain y est exclut. 
Cependant, le projet chinois semble montrer qu’une alternative à la mondialisation actuelle est possible. Ainsi, cette nouvelle mondialisation dont le leader serait la Chine, pourrait modifier la hiérarchie économique mondiale. La Chine se donne la politique de ses moyens en ayant des banques qui sont prêtes a prêter et mettent en avant leu importante  masse salariale pour convaincre les pays a participer à ce projet.
De plus, même si l’Amérique n’est pas directement concernée par ce projet, elle pourrait bénéficier du nouveau développent de certain pays d’Asie centrale ou d’Afrique qui pourraient un jour se tourner vers un autre horizon que l’Asie pour leurs échanges commerciaux.

Ensuite, à l’échelle continentale, XI JINPING a annoncé que le PNB de cette région représenterait entre 40 et 60% du PNB mondial grâce aux nouvelles routes de la soie . En effet, l’un des objectifs principal de ces nouvelles routes de la soie est de resserrer les liens économiques entre les continents asiatique, africain et européen et créant ainsi une sorte de « ceinture économique ». La Chine veut une ouverture des marchés sur le continent asiatique sans pour autant s’ouvrir totalement. Cette ouverture économique des pays auparavant délaissés de la Mondialisation permettrait de les developper et de rendre ainsi l’Asie plus puissante au niveau économique.

De plus, à échelle nationale, ce projet a ses défenseurs tout comme ses opposants.
En effet, la construction de ces nouvelles routes de la soie place certains pays tels le Kazakhstan ou la Grèce en position de carrefour. Prenons l’exemple de la Grèce, le pyrée, principal port grec récemment acheté par les chinois, serait un point central des nouvelles routes de la soie et donnerait un nouveau dynamisme au pays. De plus, cela permettrait a des pays tels que le Pakistan d’apporter son excédent de main d’oeuvre dans la construction de ce projet.
Cependant certains pays tels que l’Inde ne sont pas en faveur de ces routes, car ils se sentent encerclés par ce fameux « collier de perle »


Promouvoir le « modèle » chinois et défendre le régime (Léna)

Qu'est ce qui caractérise le « modèle » chinois ?
Un pouvoir autoritaire fort, accompagné d'un développement économique soutenu et une absence assumée des droits de l'homme.
Le régime chinois, c'est à dire le régime du parti unique, est prospère d'un point de vue économique et pourtant, peu de pays se tournent vers cette politique, plutôt mal estimée par la communauté internationale

En quoi ce projet de coopération économique est-il un enjeu politique chinois ?

I – Un enjeux économique et culturel historique - « les route de la soie à l'envers »
La Chine, ou l'Empire du milieu, au passé prospère et impérialiste cherche à retrouver son influence passée, mais aujourd'hui en assumant son leadership régional.
Il y a 500 ans, s'ouvraient les routes de la soie, sous l'initiative européenne, allant de l'Asie à la Méditerranée, ces routes commerciales permettaient aux européens de s'approvisionner en soie en Chine, qui en détenait alors le monopole. Ces routes, outre leurs bienfaits commerciaux ont permis une diffusion des idées et des religions telles que l'Islam, le Christianisme, mais aussi et surtout le Bouddhisme, le Shintoïsme ou le Confucianisme, ainsi ces routes permettaient une diffusion de ce qui faisait l'identité chinoise à cette époque.
Vers le XVème siècle, l'insécurité et les volontés isolationnistes chinoises ont peu à peu fait diminuer l'activité commerciale de ces routes.
Aujourd'hui on assiste au phénomène inverse « Ce qui est nouveau c'est que le sens des routes de la soie soient inversés» comme le dit le Président du think tank chinois Asia Center.

II – Des routes = promotion du modèle chinois et du parti unique
Ce projet est une nécessité pour la Chine, tout d'abord car elle atteint la saturation de son marché intérieur et a donc besoin pour faire perdurer sa forte croissance, et donc son attraction de capitaux, de s'ouvrir à de nouveaux marchés. Mais ce projet est aussi et surtout l'exemple vivant d'un modèle communiste viable et prospère. Un des rares partis communistes mondiaux, initiateur d'un projet d'envergure mondiale faisant bénéficier 4,4 milliards de personnes au travers d'une soixantaine de pays, soit 3 continents. Cela permettrait de faire la promotion du modèle chinois, un nationalisme basé sur la croissance économique, qui fonctionne, et qui veut se montrer meilleur même que les puissances « traditionnelles » comme les États-Unis ou l'Union Européenne. Par exemple la Thaïlande aurait aujourd'hui plus tendance à se tourner vers la Chine, alors qu'elle suivait auparavant le modèle américain.
De plus, ces routes commerciales sont aussi un moyen de réintegrer la région du Xijiang, au Nord-Ouest de la Chine, qui est une des régions les moins développées et où la contestation du parti chinois est forte autant que l'identification de la population (turcophone) à la nationalité chinoise est faible. Le passage de ces routes auront des retombées positives sur le développement de cette région, l'objectif étant de faire taire les contestations du modèle chinois en permettant une amélioration des conditions de vie.

III- Une véritable volonté du parti unique mais une application délicate
Fait croire à une volonté de coopération internationale, mais aucun doute sur les réelles intentions de la chine c'est à dire, de mettre les intérêts chinois avant tout. C'est par exemple ce que lui reproche l'Union Européenne, le projet étant jugé pas assez bénéfiques pour les partenaires européens.
De plus, de nombreuses puissances, telles que les Etats-Unis, le Japon ou l'Inde ont peur de la montée en puissance de le Chine en tant que puissance Régionale, le Président Trump n'a pas envoyé de représentant au sommet de Pékin organisé par Xi Jiaoping, ni l'Inde, et le Japon et l'Inde ont créer une alliance commerciale nommée « corridor de la liberté », en concurrence avec les alliances chinoises.



Conclusion :
L'enjeu de ce projet pour la Chine est d'assumer et de montrer sa puissance, à travers la stabilité de son modèle et ainsi montrer que celui-ci est viable et même plus prospère que les autres.
Ainsi, promouvoir le modèle chinois permet de fait de promouvoir le régime chinois, c'est à dire le régime du parti unique, à l'international.

            L’annonce du projet des routes de la soie n’a fait qu’accentuer la peur de la montée en puissance de la Chine de la part de nombreuses puissances, telles que les Etats-Unis, le Japon ou l’Inde. Ainsi, ni le Président Trump ni l’Inde n'ont envoyé de représentant au sommet de Pékin organisé par Xi Jinping, et le Japon et l'Inde ont créé une alliance commerciale nommée « corridor de la liberté », en concurrence avec les alliances chinoises, pour contrebalancer ce pouvoir économique chinois grandissant.

Carte complémentaire issue de l'Année stratégique 2018 publié chez A.Colin en sept 2018

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire